Épisodes

  • À la Une: la « guerre de 12 jours »
    Jun 24 2025
    Donald Trump annonce ce matin un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. « La fin officielle de la guerre de 12 jours sera saluée par le monde entier », a déclaré le président américain. « À la fois belligérant et négociateur, Trump est aussi devenu le commentateur du conflit, relève Le Figaro à Paris, annonçant la fin de la guerre alors que les missiles volaient encore dans le ciel. S’il se confirme, ce cessez-le-feu serait un coup de théâtre supplémentaire dans l’un des plus singuliers conflits de l’histoire récente. » Et « Trump aura réussi en quelques jours à passer de la diplomatie à l’action militaire pour revenir à la diplomatie. » Retour à la table des négociations ? Il faut dire que l’Iran est dos au mur. C’est du moins ce qu’estime le Wall Street Journal. « L’Iran a tiré 14 missiles balistiques hier sur les troupes américaines au Qatar, en représailles aux frappes américaines sur ses trois sites nucléaires. Mais les missiles ont tous été interceptés et aucune victime n’a été signalée. (…) Une riposte pour le moins faible, souligne le Wall Street Journal. La conclusion qui s’impose, poursuit-il, est que l’Iran a capitulé et qu’en l’espace de 12 jours, l’avantage est considérable pour Israël et les États-Unis. L’Iran semble avoir perdu ses installations d’enrichissement nucléaire et de fabrication d’armes, ses principaux commandants militaires et ses scientifiques nucléaires, ainsi qu’une grande partie de sa capacité de production et de lancement de missiles. » En effet, rebondit le New York Times, « avec l’attaque iranienne d’hier contre une base militaire américaine au Qatar, Téhéran a plus voulu sauver la face que s’engager dans une guerre à part entière avec l’Amérique. Cela offre au président Trump une nette occasion pour mettre fin aux tensions entre les deux pays. Il doit la saisir. Les deux parties ont désormais la possibilité de relancer les efforts diplomatiques, plutôt que d’intensifier les hostilités. Revenir à la table des négociations pour discuter de l’avenir de ce qu’il reste du programme nucléaire iranien. » Trump toujours aussi illisible… En l’espace de quelques heures, Donald Trump est donc passé de foudre de guerre à chantre de la paix… Avant-hier, rappelle Le Monde à Paris, « Donald Trump a menacé le Guide suprême, Ali Khamenei, d’un possible assassinat, appelant ouvertement à un changement de régime en Iran, tant espéré par Israël. Vingt-quatre heures plus tard, le dirigeant américain badine, vante les vertus de la paix, dessine un Moyen-Orient prospère auquel il voudrait associer Téhéran. “Les deux nations verront énormément d’amour, de paix et de prospérité dans leur avenir“, assurait Donald Trump hier soir. Ce goût pour la contradiction et l’imprévisibilité de ses engagements successifs rendent le magnat illisible, estime Le Monde, aussi bien pour les alliés de son pays que pour ses adversaires. Cela lui permet aussi, en permanence, de dicter le récit du moment, en attendant que la réalité s’y conforme, ou pas. » Et le nucléaire ? Reste que « le sort du programme nucléaire iranien (au cœur du conflit…) demeure incertain, remarque Die Welt à Berlin. Il n’a pas encore été formellement confirmé que les attaques américaines ont complètement détruit les installations de Fordow. Il est hautement probable que les centrifugeuses ont subi de graves dommages suite à l’explosion des bombes anti-bunker. Cependant, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Iran aurait réussi à sécuriser environ 400 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 %. Par conséquent, un facteur clé pour les futures ambitions nucléaires de Téhéran est de savoir si la capacité du pays à enrichir de l’uranium jusqu’à 90 % a été complètement et définitivement détruite. » Et le régime des mollahs ? Enfin, quid du régime des mollahs ?, s’interroge Libération à Paris. « À l’image de cette vidéo de la prison d’Evin, cœur carcéral de la répression iranienne dont la porte a soudain volé en éclats après une frappe israélienne, la république islamique d’Iran n’est peut-être pas près de s’effondrer ; mais le doute commence à gagner la population, affirme Libération. Au sein de l’opposition nationale, on dit souvent que tout le gouvernement d’un Iran démocratique se trouve entre les quatre murs de ce lieu tristement célèbre. » Toutefois, soupire Libération, « ouvrir les portes de la prison ne signifie pas pour autant donner mécaniquement la liberté aux Iraniens : la terreur règne encore, et si l’appareil répressif est bien endommagé, il reste efficace contre sa population. N’empêche que le symbole est là, et si les informations circulaient librement dans le pays, il résonnerait sans doute dans la population. »
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  • À la Une: le Moyen-Orient plonge dans l’inconnu
    Jun 23 2025
    Attention à ne pas crier victoire trop tôt… C’est ce que souligne le Washington Post après les frappes américaines sur les principaux sites nucléaires iraniens. « “Mission accomplie“, avait déclaré George Bush, en mai 2003, un mois après l’invasion de l’Irak », rappelle le journal. On se souvient de ce qui avait suivi. Tout comme son prédécesseur, Donald Trump crie victoire… Attention donc, prévient le Washington Post, « l’attaque contre l’Iran était certes audacieuse mais les conséquences pourraient être désastreuses » En effet, pointe Le Temps à Genève, « il paraît bien naïf de croire qu’il suffit de recourir à la force pour résoudre une fois pour toutes un problème nucléaire iranien qui empoisonne la communauté internationale depuis près d’un quart de siècle. (…) Le risque majeur est de voir l’Iran quitter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et développer la bombe atomique en catimini. Le régime des mollahs, personne n’en doute, est groggy. Il n’a pas de soutien populaire et dispose de très peu d’options en guise de représailles. Mais il ne va pas jeter l’éponge si facilement. Il pourrait bien recourir à ce qu’il a maîtrisé le mieux au cours des quatre décennies qui ont suivi la révolution de 1979 : la capacité de nuisance ». Le trajectoire nord-coréenne ? Attention, prévient également Le Figaro, à Paris, « Trump espère que sa démonstration de force suffira et qu’il ne sera pas entraîné dans un de ces longs conflits asymétriques où ses prédécesseurs ont tant perdu. Il décrit une opération ciblée et limitée que Téhéran aurait tort de prendre pour une déclaration de guerre ou une volonté de renverser le régime. Mais on ne peut clore un chapitre – celui du programme nucléaire iranien, supposément “anéanti“ – sans en ouvrir un autre ». Celui des représailles… Alors, s’interroge Le Figaro, « l’Iran des mollahs est-il prêt à aggraver son cas en cédant à ce réflexe ? Il dispose d’une autre voie, moins spectaculaire, mais aussi inquiétante à long terme : se retirer du traité de non-prolifération, passer totalement à la clandestinité et suivre la trajectoire nord-coréenne – qui a doté Pyongyang d’une soixantaine de bombes atomiques. Après son coup d’éclat, Trump doit encore travailler à la victoire ». Questions… « À ce stade, résume Le Soir à Bruxelles, rien ne permet d’estimer ou d’affirmer que la paix est au bout de ce chemin américano-israélien balisé par les bombes ». Et pour le quotidien belge, on entre dans l’inconnu : « le régime iranien va-t-il tomber ? La capacité nucléaire de l’Iran est-elle anéantie ? Les bases américaines au Moyen-Orient, leurs intérêts dans le monde et sur leur propre sol sont-ils menacés ? Quel nouvel équilibre géopolitique va émerger ? Le monde risque-t-il d’être entraîné dans la guerre ? Personne ne peut répondre à ces questions ». Ce qui est sûr, s’exclame Le Temps à Genève, c’est que « les bombardements de samedi ont fait deux victimes de choix : la diplomatie et le droit international ». Une opportunité ? Certains journaux se posent moins de questions et applaudissent l’intervention américaine… « Trump a fait preuve de courage et de capacité stratégique », affirme ainsi Die Welt à Berlin. « S’ils avaient laissé les mollahs continuer, les États-Unis auraient perdu leur pouvoir de dissuasion face aux États expansionnistes de Chine et de Russie. Avec son intervention audacieuse en Iran, Trump corrige les erreurs de ses prédécesseurs Biden et Obama, dont les politiques de faiblesse en Afghanistan et en Syrie ont entraîné une perte significative de crédibilité pour les États-Unis ». Pour le Wall Street Journal, à New-York, « la décision du président Trump de frapper les trois principaux sites nucléaires iraniens samedi a contribué à débarrasser le monde d’une grave menace nucléaire et a constitué un grand pas vers le rétablissement de la dissuasion américaine. Elle crée également une opportunité pour un Moyen-Orient plus pacifique, si les nations de la région veulent bien la saisir ». Enfin, veut croire le Jerusalem Post : « une nouvelle aube s’est levée. Les israéliens n’ont jamais été autant en sécurité depuis une génération ».
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  • À la Une: l'attaque américaine contre les sites nucléaires iraniens
    Jun 22 2025
    La presse internationale se réveille groggy. Hier encore, elle s’interrogeait sur la période de deux semaines que s’était donné Donald Trump pour prendre une décision quant à d’éventuelle frappes en Iran, et mettait en avant ses réticences à engager les États-Unis dans un nouveau conflit. Aujourd’hui, c’est chose faite et la photo de Donald Trump s’exprimant derrière un pupitre aux couleurs de l’Amérique fait la Une des journaux. « Trump affirme que les principales installations nucléaires iraniennes ont été totalement détruites par les frappes américaines », titre le Washington Post. « L’Iran, tyran du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix », a ajouté le président américain. « Les États-Unis entrent en guerre contre l’Iran » écrit de son côté le New York Times, qui précise : « dans toute la région, où plus de 40 000 soldats américains sont stationnés, sur des bases et des navires de guerre, les frappes américaines inaugurent une période d’alerte maximale, le Pentagone s’attend à des représailles quasi certaines de la part de l’Iran ». Ce que confirme le ministre iranien des Affaires étrangères, cité par le Jerusalem Post et le Times of Israël. Abbas Araghchi, « a prévenu que les attaques américaines contre les sites nucléaires de l’Iran, auraient des conséquences sans fin » et il a assuré « que l’Iran se réservait toutes les options pour riposter ». L’Iran qui a lancé ce matin plusieurs dizaines de missiles sur Israël. Succès Israël où le Premier ministre se félicite de l’attaque américaine. Benyamin Netanyahu qu’on voit, lui aussi, s’exprimer derrière un pupitre officiel. Il est notamment à la Une du Jerusalem Post, qui titre : « Netanyahu félicite Trump et les États-Unis ». « Le président Trump dirige courageusement le monde libre », a ajouté le Premier ministre israélien. « C’est un ami formidable d’Israël, un ami sans égal ». Pour le Jerusalem Post, pas de doute, l'attaque américaine est « non seulement un succès militaire mais aussi un succès diplomatique », c'est « un nouveau sommet dans la coopération entre les États-Unis et Israël. » Menaces iraniennes Côté iranien, le Tehran Times publie une déclaration de l’Agence de l’Énergie Atomique Iranienne. L’agence iranienne parle d’une « attaque brutale », « contraire au droit international, et en particulier au Traité de non-prolifération nucléaire ». « On attend », poursuit l’Agence de l’Énergie Atomique Iranienne, « que la communauté internationale condamne cette anarchie basée sur les lois de la jungle et qu’elle soutienne l’Iran, dans ses droits légitimes ». L’agence de presse Mehr News Agency, elle, annonce « une nouvelle vague de frappes aériennes, en représailles contre Israël ». Dans une dépêche publiée ce matin, l’agence de presse précise que Téhéran a lancé « un avertissement sévère, assurant que tout pays qui fournirait au régime israélien du matériel militaire de quelque nature que ce soit, serait considéré comme complice de l’attaque contre l’Iran ». Les États-Unis figurent sans aucun doute en bonne place sur la liste des mollahs. Colère des démocrates américains L’attaque américaine fait aussi la Une des journaux européens. Le Sunday Times publie la carte des sites visés par les États-Unis, avec notamment le fameux site souterrain de Fordo, que seules les forces américaines étaient en capacité d’atteindre. Un croquis donne une idée de la forme des chasseurs qui ont bombardé l’Iran, une forme aérodynamique… des chasseurs qui peuvent larguer des dizaines de bombes. À Londres, encore, le Guardian met l’accent sur les démocrates américains qui ont ouvertement dénoncé l’attaque américaine. Il s’agit de l’ancien candidat à la présidentielle Bernie Sanders et de Ro Khanna, un député démocrate. « Trump a frappé l’Iran sans l’autorisation du Congrès », accuse ce député. Et il ajoute « nous devons immédiatement retourner à Washington et voter pour empêcher l’Amérique d’être entraînée dans une nouvelle guerre sans fin au Moyen-Orient ». Bernie Sanders, lui, a qualifié l’attaque « d’alarmante et tellement inconstitutionnelle ». Dangereuse escalade Enfin en France, Libération parle d’une « opération mûrie et répétée depuis des années ». Ce sont plus précisément les propos de Brett McGur, ancien haut responsable des missions Moyen-Orient à la Maison-Blanche. Sur CNN, il a donc expliqué que l’attaque américaine avait été murement réfléchie. Il affirme aussi « que cette option s’est transmise d’une présidence à l’autre, avec l’espoir qu’elle n’aurait pas à servir. Mais aujourd’hui », reconnaît-il, « elle a servi ». Enfin, le Monde rappelle que les États-Unis ont également menacé l'Iran. ...
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  • À la Une: combien de temps durera la guerre entre Israël et l'Iran?
    Jun 21 2025
    La question se pose tous les jours et aujourd’hui, le chef de l’armée israélienne, le général Eyal Zamir prévient : les Israéliens doivent se préparer à une « campagne prolongée contre l’Iran ». Propos repris par le Times of Israël. Comment expliquer ce qui semble être un revirement, alors qu’en début de semaine des responsables de l’armée parlaient d’une offensive d’une semaine ou deux ? Selon le Times of Israël, ce changement est probablement « lié à la déclaration de Donald Trump », qui s’est donné deux semaines pour décider si les États-Unis s’engagent contre l’Iran. Un délai qui interroge… Le New York Times se demande si cette période de 14 jours du président Trump, « est autre chose qu’un moyen de gagner du temps pour des préparatifs militaires. » En Iran, la presse accuse « Benyamin Netanyahu est un homme qui aime le sang » écrit ainsi le Tehran Times. Evoquant la guerre à Gaza, le journal accuse encore : « Personne ne tue autant que les dirigeants israéliens ». Pas de justification légitime Aux États-Unis, Donald Trump subit un revers, avec la libération d’un militant propalestinien. Il s’agit de Mahmoud Khalil. Le Washington Post le présente comme « l’un des leaders des manifestations sur les campus contre la guerre à Gaza (…) arrêté dans le cadre d’une répression contre l’antisémitisme présumé ». On le voit en photo, à sa sortie de prison, un keffieh autour du cou. « Résident permanent en règle », raconte le Washington Post, « il avait été transféré par avion dans un centre de détention des services de l’immigration et des douanes en Louisiane, en mars ». « Mais hier », poursuit le journal, « le juge de district américain Michael Farbiarz a déclaré que les procureurs n’avaient pas fourni de justification légitime pour le maintien en détention de Mahmoud Khalil ». En France, le Monde rapporte les propos de l’ancien étudiant de Columbia : « Trump et son administration ont choisi la mauvaise personne (…) Personne ne devrait être emprisonné pour avoir dénoncé un génocide » a déclaré le militant propalestinien. « Emblématique, le cas de Mahmoud Khalil n’est pas unique », poursuit le Monde. « Il s’inscrit dans le cadre d’une charge du gouvernement Trump contre les universités, qu’il accuse de ne pas avoir suffisamment protégé des étudiants juifs pendant les manifestations étudiantes contre la guerre dévastatrice d’Israël, dans la bande de Gaza ». Bateau-taxi Dans le nord de la France, de nouveaux témoignages de migrants qui tentent de traverser la Manche pour gagner l’Angleterre. « La semaine dernière », raconte le Times, « plus de 2000 personnes ont rejoint le Royaume-Uni à bord de petites embarcations ». Mais la traversée est dangereuse, parfois mortelle. Et plusieurs tentatives sont souvent nécessaires. C’est ce que raconte un jeune somalien de 19 ans qui, nous dit le Times, « a tenté à quatre reprises de traverser la Manche. Il a été aspergé de gaz lacrymogènes, repoussé par la police, abandonné dans l’eau par les passeurs, et une fois il a dû appeler à l’aide lorsque son bateau s’est trouvé en difficulté en mer ». Le jeune homme précise que les passeurs « sont très malins ». Le Times explique : « comme la police française intervient désormais au bord de l’eau, les passeurs ont organisé un système de bateau-taxi, dans les eaux calmes qu’ils conduisent ensuite vers d’autres plages, pour récupérer des migrants qui sont déjà entrés dans l’eau ». « Mais », souligne le Times, « cette tactique favorise les migrants plus jeunes, plus forts, de sexe masculin, capables de se hisser dans le bateau alors qu’ils ont de l’eau jusqu’à la taille, voire plus ». « Dans les camps », précise le quotidien britannique, « des femmes et des familles racontent qu’elles ont été abandonnées sur la plage ». Des images de passeurs et de migrants qui dérangent le Times : le journal s’emporte : « avec l’arrivée du beau temps, l’invasion des petits bateaux se transforme en taxi, à quelques mètres des gendarmes français », qui nous dit-il, « ne veulent surtout pas se mouiller les pieds ».
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  • À la Une: deux semaines avant une décision américaine sur l'Iran
    Jun 20 2025

    C’est à la Une du New York Times : « Trump déclare qu’il décidera d’une attaque contre l’Iran dans les deux prochaines semaines ». Le Times va plus loin, en nous expliquant « comment une frappe américaine contre l’Iran pourrait se dérouler ». Il s’agirait de viser les installations nucléaires souterraines de Fordo, à l’aide de « deux MOP, Massive Ordnance Penetrators, des bombes de 6 mètres de long et 13,6 tonnes qui peuvent détruire des couches de roche et détruire des bunkers souterrains ». « Entre deux heures et quatre heures du matin, c’est le meilleur moment pour attaquer, que ce soit avec une mitrailleuse ou en larguant une bombe sur leur tête », explique un ancien pilote d’avion à réaction ». Le monde serait donc suspendu aux intentions du président américain et cela en réjouit certains… comme Jan Philip Burgard, rédacteur en chef du groupe Welt, en Allemagne. Là où beaucoup soulignent l’imprévisibilité de Donald Trump, lui, affirme qu’il est « porteur d’espoir ». « Est-il vraiment un roi capricieux ? » demande le journaliste qui visiblement n’y croit pas. « Il est bien plus probable qu’il recherche l’ambigüité stratégique. Il reste délibérément vague et ambigu, afin de conserver sa flexibilité et de déstabiliser ses adversaires ».

    L'Iran affaibli

    Toutefois, d'autres analystes estiment que l’Iran « a d’ores et déjà perdu la guerre ». C’est le cas du magazine Foreign Affairs, dont Courrier International, reprend les propos. « En l’espace de quelques jours », estime Afshon Ostovar, universitaire américain d’origine iranienne, « Israël a infligé des dégâts considérables, au programme militaire et nucléaire de l’Iran. Même si seuls les dirigeants iraniens connaissent l’ampleur véritable des destructions, il est peu probable que le pays puisse s’en remettre facilement ». « Qu’elle capitule, recherche un compromis ou opte pour la surenchère », poursuit Afshon ostovar, « la République islamique ressortira encore plus affaiblie par le conflit ouvert qui l’oppose à Israël ». Israël, où en revanche, Benyamin Netanyahu n’a rien à craindre, si l’on en croit le Monde, selon lequel, « malgré les dégâts et les morts les israéliens soutiennent la guerre contre l’Iran ». Le quotidien français a rencontré Shoshi Arbuz, une mère de famille qui vit dans la banlieue de Tel Aviv. Elle déclare « ne pas vouloir la guerre », nous dit le Monde, « mais elle soutient sans hésitation la décision du gouvernement Netanyahou d’attaquer l’Iran » (…). Shoshi Arbuz estime ainsi : « l’Iran veut nous détruire. Si on ne les avait pas attaqués, ils l’auraient fait ».

    Dernier recours

    L'Iran semble être seul contre tous, mais il n'aurait toutefois pas abattu toutes ses cartes, estime L'Orient-le-Jour. Le quotidien francophone libanais se demande ainsi si « l’Iran prendra le risque de fermer le détroit d’Ormuz, par lequel transite près d’un tiers du trafic mondial de pétrole ». Selon l’Orient-le-Jour, « la fermeture du détroit d’Ormuz par les responsables iraniens est citée par les experts comme une arme de dissuasion considérable, à laquelle Téhéran pourrait avoir recours ». Le commandant des Gardiens de la Révolution, le bras armé du régime, a d’ailleurs déclaré que « l’Iran envisageait de bloquer le détroit d’Ormuz » . L’Orient-le-Jour a interrogé Saeed Aganji, analyste et rédacteur en chef d’Iran Gate News, selon lequel « toute perturbation sur cette voie navigable essentielle pourrait entraîner une forte hausse des prix mondiaux du pétrole et une instabilité des marchés de l’énergie ». Ce même expert estime toutefois que « la fermeture du détroit reste aujourd’hui l’une des options de dernier recours de l’Iran ; une option qu’il ne pourrait envisager qu’en cas d’agression militaire directe et de grande ampleur de la part des États-Unis ». De quoi, peut-être, retenir le bras de Donald Trump.

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  • À la Une: n’oublions pas Gaza
    Jun 19 2025
    Alors que les projecteurs de l’actualité sont braqués vers Israël et l’Iran qui poursuivent leur campagne de bombardements, alors que Donald Trump hésite encore à engager son armée dans le conflit, le massacre se poursuit à Gaza. Avec un « nouvel épisode particulièrement sanglant avant-hier, relève Libération à Paris. Des tirs israéliens, de chars de combat et, selon certains témoins, de drones, ont tué 59 Gazaouis et en ont blessé 200 autres, mardi. Les victimes faisaient partie d’un groupe rassemblé pour recevoir de la farine auprès d’un centre d’aide d’une ONG indépendante, dans une ville du sud de l’enclave, à Khan Younès. Les images et les témoins de l’attaque livrent un récit glaçant de l’une des attaques israéliennes les plus meurtrières à Gaza ». Des pièges mortels… Le quotidien israélien d’opposition Haaretz affiche sa consternation : Haaretz qui cite les propos de ce médecin américain qui travaille bénévolement à l’hôpital Nasser de Khan Younès : « chaque fois que nous savons qu’il y a une soi-disant distribution de nourriture, nous savons qu’il va y avoir un massacre », affirme-t-il. « Cela fait un mois, rappelle Haaretz, qu’Israël a mis en place un nouveau système de distribution de nourriture dans la bande de Gaza. Et les zones de distribution sont devenues des pièges mortels. Le nouveau système a échoué sur tous les plans : non seulement il n’empêche pas la famine, mais il met en péril la vie des habitants de Gaza et il ne garantit même pas que la nourriture distribuée ne finira pas entre les mains du Hamas. (…) Le gouvernement israélien doit arrêter de jouer avec la vie des Gazaouis, s’emporte Haaretz ; l’administration Trump, qui soutient Israël, ne doit pas se dérober à ses responsabilités. Elle doit faire pression pour permettre à l’ONU d’acheminer de la nourriture et de l’aide dans la bande de Gaza sans restrictions. Toute autre action constitue un crime de guerre ». Plus aucune règle… Le Guardian à Londres s’insurge également : « les cris de Gaza ont été étouffés par les frappes israéliennes contre l’Iran et la pression diplomatique sur Benyamin Netanyahu s’est atténuée. Pourtant, alors que la communauté internationale appelle à la désescalade au Moyen-Orient, la dévastation continue. (…) Israël est la puissance occupante de Gaza et a le devoir clair, en vertu de la quatrième Convention de Genève, de garantir l’accès de la population à la nourriture, à l’eau et aux soins médicaux ». Seulement voilà, déplore le quotidien britannique, « le droit international n’a plus cours. Ce qui s’effondre à Gaza, ce ne sont pas seulement les infrastructures. C’est le principe selon lequel même la guerre a des règles ». Le droit international piétiné… Plus largement, constate Le Monde à Paris, « le monde qui émerge lentement des ruines de l’ancien ordre international mis sur pied par les États-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale, ce monde se moque des principes et du droit. (…) Les États-Unis, rappelle Le Monde, ont été les premiers à piétiner le droit international, en 2003, en envahissant l’Irak au nom de l’existence d’armes de destruction massive, qui relevait du mensonge d’État. C’est dans cette brèche que s’est engouffré par la suite Vladimir Poutine en Géorgie, puis en Ukraine. (…) Seule prime la force, et ceux qui y ont recours sans limite. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, sûr de la puissance de son armée, en a fait le choix, contre l’Iran ». L’installation du chaos… Alors, s’exclame Le Monde, « il est plus que jamais nécessaire de rappeler l’importance du droit international alors que la loi du plus fort devient progressivement la règle. Ce droit malmené de toutes parts dispose que la guerre préventive n’a pas plus de légalité que le changement de régime imposé unilatéralement par une puissance extérieure. (…) Il ne s’agit pas seulement de défendre la nécessité de règles communes pour éviter le retour à un monde éclaté en sphères d’influence (…). L’histoire récente enseigne en effet, pointe encore Le Monde, que les changements de régime imposés de l’extérieur engendrent le chaos. Parce que les attentes des puissances étrangères à la manœuvre correspondent rarement à celles des peuples concernés. Et parce que la désintégration des appareils de sécurité des régimes ainsi brisés nourrit régulièrement des insurrections, voire des guerres civiles ».
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  • À la Une: les États-Unis vont-ils intervenir en Iran ?
    Jun 18 2025
    Y aller ou pas ? « Les États-Unis doivent-ils s’engager aux côtés d’Israël pour détruire les installations du programme nucléaire iranien, voire favoriser un changement de régime ? », s’interroge Le Monde à Paris. « Cette tentation ne cesse de se renforcer, constate le journal, à la vue des réussites de l’Etat hébreu, provoquant divisions et fébrilité dans le camp de Donald Trump. (…) Au sein même du camp MAGA, le conflit oppose ceux qui défendent une Amérique focalisée sur ses propres intérêts et ceux louant Donald Trump jusqu’au bout de ses contradictions et de ses revirements. (…) Les figures de la base trumpiste s’opposent à toute implication des États-Unis dans l’affrontement, allant jusqu’à évoquer un “schisme“, alors que des membres de l’entourage présidentiel encouragent un changement de régime à Téhéran. » Changement de doctrine… « Trump laisse entendre que les États-Unis sont ouverts à une action contre l’Iran », titre le New York Times. Le New York Times qui explique « comment Trump a changé d’avis sur l’Iran sous la pression d’Israël : (…) au cours des dernières semaines, il est devenu de plus en plus évident pour les responsables de l’administration Trump qu’ils pourraient ne pas être en mesure d’arrêter Netanyahu (…). Dans le même temps, Donald Trump s’impatientait contre l’Iran en raison de la lenteur des négociations (sur le nucléaire) et commençait à conclure que les pourparlers risquaient de n’aboutir à rien. » Résultat, pointe le quotidien américain : « aujourd’hui, le président américain envisage sérieusement d’envoyer des avions pour aider à ravitailler les avions de combat israéliens et tenter de détruire le site nucléaire iranien souterrain de Fordo avec des méga-bombes - une intervention qui marquerait un revirement radical par rapport à son opposition, il y a deux mois à peine, à toute action militaire tant qu’une solution diplomatique était encore possible. » Trump aura le dernier mot… En tout cas, que ce soit sur le plan militaire ou sur le plan diplomatique, ce sont les États-Unis qui ont la clé. En effet, précise L’Orient-Le Jour à Beyrouth, « seule l’Amérique détient, avec la bombe à grande pénétration GBU-57, le moyen d’annihiler les installations nucléaires iraniennes enfouies à une centaine de mètres sous terre. Et elle seule est capable, le cas échéant, de modérer les ardeurs de Benjamin Netanyahu. C’est là cependant que l’on bute sur cette véritable énigme à tiroirs qu’est un Donald Trump s’évertuant à lancer à tous azimuts les signaux les plus contradictoires. » « Trump sait depuis le début qu’il aura le dernier mot dans cette guerre », renchérit Le Figaro à Paris. « Il hésite instinctivement à se mêler - plus encore à déclencher - des conflits lointains, une promesse électorale à laquelle tiennent ses supporteurs. D’un autre côté, relève le quotidien français, mal payé de sa diplomatie erratique, il tirerait un avantage inestimable d’un succès militaire : être craint du reste du monde, une fois pour toutes. Son opportunisme bien calibré pourrait donc l’encourager à utiliser sa méga bombe anti-bunkers, indispensable contre les sites nucléaires iraniens enterrés. » Bref, « roulez, tambours !, s’exclame Le Figaro. Observons le tour de magie de Benyamin Netanyahou : Donald Trump va-t-il se transformer sous nos yeux en chef de guerre - et en héros historique d’Israël ? » Qui pour succéder aux Mollahs ? Enfin le Times à Londres se projette encore plus dans l’avenir avec cette question : « qui dirigera l’Iran si les ayatollahs sont évincés ? » Le Times prend l’exemple de la Syrie : « l’ascension d’Ahmed al-Sharaa a été vertigineuse. En novembre dernier, son parti Hayat Tahrir al-Sham prenait le contrôle d’Alep et de Hama et coupait Damas des bastions alaouites d’Assad sur la côte. En décembre, il siégeait au palais présidentiel. » Et le Times de s’interroger : « une transition similaire est-elle possible en Iran ? Cela nécessiterait, répond le quotidien britannique, une opération de repérage des services de renseignement, capable de trouver un communiquant puissant capable d’unifier les diverses poches de résistance : les ouvriers des usines, les agriculteurs qui se sentent floués, les étudiants étouffés par la fermeture intellectuelle du pays. Traditionnellement, dans ce contexte, une figure peut émerger de prison comme un Nelson Mandela, ou émerger de la persécution quotidienne et de l’exclusion bureaucratique comme un Lech Walesa. L’Iran a besoin non seulement d’une figure rassembleuse, mais aussi d’une personne capable de collaborer avec les éléments non dogmatiques de l’ancien régime. » Reste à trouver la perle rare…
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  • À la Une : le régime des mollahs peut-il tomber?
    Jun 17 2025
    Les bombardements israéliens sur l’Iran vont-ils provoquer la chute du système politico-religieux en place depuis presque 50 ans ? « Depuis la révolution islamique de 1979, constate le Washington Post, le régime des mollahs en Iran a fait couler le sang des Israéliens, des Américains, des Saoudiens et de tous ceux qui s’opposent à ses diktats. La question est de savoir comment le changement se produira. Quelle est la voie à suivre pour que l’Iran devienne un pays dynamique, digne de son peuple créatif et cultivé ? Il y a un fait évident, affirme le Post : une campagne de bombardements incite les gens à se terrer, à se replier sur eux-mêmes et, souvent, à se battre de manière encore plus déterminée. Les bombardements n’ont pas brisé la volonté des Britanniques, des Allemands ou des Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils n’ont pas non plus, d’ailleurs, encore détruit le Hamas à Gaza. » Et le Washington Post de citer Alireza Nader, analyste de longue date sur l’Iran : « l’Iran se trouve dans une situation prérévolutionnaire, dit-il. Mais je me demande si les gens peuvent se soulever pendant un bombardement aérien. Je crains qu’il n’y ait pas de plan. Le régime survivra et les choses ne feront qu’empirer. » Bref, l’espoir d’un changement de régime est mince. Et le Washington Post conclut avec cette incantation : « en observant le désastre qui se profile pour l’Iran, on ne peut qu’espérer qu’une voie émergera de ce moment, offrant aux Iraniens une chance de construire quelque chose de nouveau. » Le moment est venu ? Die Welt à Berlin est d’un autre avis : « c’est maintenant l’occasion de renverser les mollahs », affirme le quotidien allemand. « Depuis des années, les Iraniens tentent de renverser ce régime oppressif par des manifestations de masse et un courage admirable. Jusqu’à présent, sans succès, car l’appareil sécuritaire de la dictature a réussi à étouffer toute rébellion. Mais aujourd’hui, sous les frappes militaires israéliennes, le régime commence à vaciller, plus faible que jamais. (…) Le moment est donc venu pour les mouvements d’opposition de profiter de la faiblesse des mollahs, estime le quotidien berlinois. Les Iraniens n’auront pas de meilleure chance de se libérer de la dictature islamiste avant longtemps. (…) En fin de compte, conclut Die Welt, ce n’est pas Israël ou l’Occident dans son ensemble qui compte, mais ce que veulent les Iraniens eux-mêmes. Et les risques qu’ils sont prêts à prendre pour enfin se débarrasser de leurs bourreaux. » « Autant lancer une pièce en l’air en espérant qu’elle retombe sur la tranche » En tout cas, « Netanyahou joue à quitte ou double », pointe Le Figaro à Paris. « Israël a déclenché une guerre qu’il ne peut pas se permettre de perdre. Si le régime des mollahs y survit et sauve quelques pans de son programme nucléaire, il reconstituera sa capacité de nuisance et deviendra plus fort qu’il ne l’était, instruit de ses lacunes et de ses erreurs. Un Iran plus dangereux car poussé dans ses retranchements. (…) L’alternative, pour l’État hébreu, poursuit Le Figaro, serait un changement de régime à Téhéran. L’élimination de hauts responsables et les frappes contre la télévision montrent que Tsahal s’y emploie. » Mais le quotidien français est plus que sceptique : « de là à parier sur le renversement d’une dictature théocratique adossée aux milices bassidjis… Autant lancer une pièce en l’air en espérant qu’elle retombe sur la tranche. » Et pendant ce temps, le G7 Les grands de ce monde sont réunis au Canada. Et « la guerre entre Israël et l’Iran complique un peu plus ce sommet du G7 », pointe Libération. En effet, « quid de la dynamique du pire entre Tel Aviv et Téhéran ? Comment envoyer un message commun à l’heure où la politique commerciale et diplomatique de Donald Trump fragilise chaque jour un peu plus l’unité occidentale ? » Finalement, service minimum. « Les dirigeants du G7 se sont entendus hier soir, relève Le Soir à Bruxelles, pour appeler à une “désescalade“ dans le conflit entre l’Iran et Israël et au Moyen-Orient en général, peu avant que le président américain Donald Trump ne quitte le sommet de manière prématurée, pour officiellement mieux se consacrer à la situation au Proche-Orient. » Et on revient au Washington Post qui note que « Donald Trump a d’abord refusé de signer la déclaration du G7, mais qu’il est finalement revenu sur sa position à la suite de discussions avec d’autres dirigeants du groupe et de modifications apportées au projet initial. » Notamment, relève le journal, la formulation qui appelait l’Iran et Israël à “faire preuve de retenue“, a été biffée…
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