Ce livre n’a pas été écrit pour vous apaiser. Il ne vous offrira ni espoir, ni promesse de progrès, ni cette douce illusion que le projet humain possède encore une noblesse intrinsèque. Vous n’y trouverez pas la consolation de croire que tout arrive pour une raison, ni même l’assurance qu’il existe un sens à notre lutte commune. Au contraire, cet ouvrage s’inscrit pleinement dans la logique des simulacres de Jean Baudrillard : une philosophie qui ne cherche pas à dévoiler une vérité cachée, mais à diagnostiquer l’état de notre réalité contemporaine.

Nous ne vivons plus dans le monde — nous habitons désormais dans la perception que nous en avons. Nous ne pensons plus les choses elles-mêmes, mais leurs reflets : les images chatoyantes projetées sur les parois de notre esprit. Nous ne ressentons plus les événements pour ce qu’ils sont ; nous ressentons parce que nous avons été programmés pour ressentir. Et rien de cela n’est une tragédie, ni une faute morale. C’est simplement l’architecture de notre conscience, la manière dont notre expérience s’est constituée, couche après couche, sur des strates d’illusions accumulées.

« Sommes-nous des idiots ? » n’est pas une insulte. Ce n’est ni de la moquerie, ni un cynisme déguisé en lucidité. C’est une question, posée pour réveiller quelque chose qui, depuis longtemps, sommeille sous la surface polie de la simulation permanente qu’est devenue la vie. Elle interroge notre capacité à sentir encore le battement du réel, dissimulé sous les écrans, les symboles et les récits que nous répétons sans cesse.