Le crash de Habsheim est un accident survenu le 26 juin 1988 impliquant un Airbus A320 effectuant un vol depuis l'aéroport de Bâle-Mulhouse au bénéfice de l'aéro-club de Mulhouse, qui s'est écrasé dans une forêt en bout de piste de l'aérodrome de Mulhouse-Habsheim, dans le sud de l'Alsace.
Affrété par Air Charter, pour le compte d'Air France (vol ACF 296 Q), avec 136 personnes à bord (la plupart faisant un baptême de l'air), l'A320, qui faisait alors partie de la toute nouvelle génération d'avion de ligne du constructeur Airbus, effectuait un passage à basse hauteur et basse vitesse, dans le cadre d'un vol de présentation à un meeting aérien.
Après l'impact, la plupart des passagers réussissent à évacuer l'avion malgré l'incendie qui s'est déclenché et qui fait trois morts et trente-six blessés1. C'est la première perte et le premier accident mortel impliquant un Airbus A320.
L'avion, l'Airbus A320-100 n°9, immatriculé F-GFKC était exploité par Air France sous contrat de location-vente. Livré seulement quatre jours auparavant (le 22 juin 1988), il totalisait 22 heures et 30 minutes de vol. Il est équipé de deux moteurs CFMI 56-5 A 12.
Le dimanche 26 juin, il effectue pour le compte d'Air Charter (compagnie filiale d'Air France) et au bénéfice de l'aéro-club de Mulhouse, le premier de deux vols circulaires prévus au départ de l'aéroport de Bâle-Mulhouse3 sous l'indicatif radio et numéro de vol ACF 296 Q1.
Le programme du vol prévoit une démonstration dans le cadre d'un meeting aérien à l'aérodrome de Habsheim. Après un premier passage à 100 pieds (environ 30 m) de hauteur et à très basse vitesse, suivi d'un second à grande vitesse (340 kt, environ 600 km/h), l'avion doit remonter vers la balise d'Héricourt et mettre le cap au sud pour un vol au-dessus des Alpes.
Le but de la première manœuvre consiste donc à faire un passage au-dessus de l'aérodrome, à très basse altitude (100 pieds) et à la vitesse la plus basse possible (c'est-à-dire à l'incidence maximale de l'A 320, dite Alpha Max, de 17,5°4). Pour cela, les pilotes désactivent la protection Alpha Floor (qui déclenche une remise des gaz automatique quand l'incidence atteint 15° au-dessus de 100 pieds4).
Les commandes de vol électriques de l'A320, premier avion de ligne à en être équipé, sont censées rendre cet exercice beaucoup moins risqué que sur d'autres appareils, car elles empêchent le décrochage. Mais comme pour tout autre avion, lorsque l'incidence maximale est atteinte, la marge de manœuvre devient nulle et le facteur de charge limité à 1: il ne peut se remettre en montée tant que la vitesse n'a pas augmenté à nouveau.
Le commandant de bord est Michel Asseline, 44 ans. Il est considéré comme l'un des meilleurs pilotes de la compagnie5 et connaît parfaitement l'A320 pour avoir participé à sa mise en service. C'est un fervent défenseur de ce nouvel avion dont la philosophie des commandes de vol électriques, qui brident l'action du pilote, est contestée au sein de la profession. Il est depuis décembre 1987 chef de la subdivision instruction A320. Fin mai, il totalise 10 463 heures de vol, dont 138 sur A3206.
Son copilote pour ce vol est Pierre Mazières, 45 ans, également commandant de bord à Air France. Depuis le 25 mars 1988, il participe à la mise en exploitation de l'A320 dans l'encadrement de la compagnie6.
L'équipage comprend également 4 navigants commerciaux. Il y a 130 passagers, dont quelques journalistes et des personnes faisant un baptême de l'air, ainsi que deux passagères hôtesses de l'air assises en cockpit2.
L'Airbus A320 décolle de Bâle-Mulhouse à 12 h 41 UTC (14 h 41 locales) face au sud-est et vire à droite en montée vers 2 000 pieds QNH (environ 300 mètres sol). Les pilotes se dirigent vers l'aérodrome de Habsheim (une vingtaine de kilomètres plus au nord) en vol à vue. Après trois minutes de vol, ils contactent la tour de contrôle qui les autorise à faire leur passage.