Zazie dans le métro

Au cœur de Montmartre et de la Goutte d’Or

Comment évoquer Paris dans la fiction sans parler de Montmartre ? Véritable symbole parisien, cette ville dans la ville que certain.e.s se plaisent à appeler le “village Montmartre” possède tous les atouts pour y ancrer une bonne histoire. C’est d’ailleurs ici que l’on retrouve Dutilleul, le voleur du Passe-muraille de Marcel Aymé, ou encore Dora Bruder, la célèbre héroïne déportée, mise en mot par Patrick Modiano au 39bis du Bouelvard Ornano.

À quelques encablures de la butte Montmartre, le meurtre de la place Vintimille a donné l’histoire que l’on connaît dans Maigret et la jeune morte de Georges Simenon, et a permis au quartier de prendre des airs beaucoup plus sombres. Car c’est bien là la richesse de Montmartre et du 18ème arrondissement : la diversité des ambiances, qui permet aux écrivain.e.s d’installer des ambiances aussi riches de palpitantes !

Le passe-muraille / L'huissier
Dora Bruder
Maigret et la jeune morte

Car à quelques centaines de mètres de Montmartre, se trouve la Goutte d’Or et le célèbre Barbès-Rochechouart. Véritable source d’inspiration pour les fictions, on l’a récemment redécouvert dans Rhapsodie des oubliés de Sofia Aouine (Prix de Flore 2019), mais aussi et surtout dans L’Assomoir, où Émile Zola immortalise l’esprit d’un quartier bouillonnant, sur les traces de Gervaise. En bref, un quartier en perpétuelle évolution, au potentiel romanesque on ne peut plus puissant !

L'Assommoir

Dans le Sentier

Au cœur du deuxième arrondissement parisien, se trouve le Sentier. Au 17ème siècle, il s’agissait d’un quartier de menuisiers, qui a progressivement évolué en haut lieu de la mode courante. On y fabriquait des tissus, et tous les entrepreneurs du milieu s’y rejoignaient.

Dans la fiction, le Sentier a vu naître bon nombre de belles histoires, et ses lieux phares n’ont eu de cesse d’inspirer les écrivains. Par exemple, la rue Blondel, traditionnellement vue comme un haut lieu de la prostitution à Paris, a vu la pension de Madame Rosa se créer, dans La vie devant soi, de Romain Gary. Une proximité entre la fiction et la réalité des lieux, qui se perçoit également dans Au bonheur des dames de Émile Zola. Place Gaillon, Denise Baudu nous donne un aperçu de la naissance de la société de consommation. La jeune femme, tout droit venue de Normandie, est embauchée dans ce magasin, qui, lui aussi, est directement lié à l’histoire du Sentier.

Un quartier chargé d’histoire, et semé de petits passages couverts, que Louise Aragon nous décrit à merveille dans Le Paysan de Paris. Et grâce au livre audio, c'est un peu comme si on y était !

La vie devant soi
Au bonheur des dames

À Belleville

À quelques stations de métro, le quartier de Belleville est un quartier bien différent du Sentier. Cosmopolite et rempli de vie, c’est souvent l’agitation et la puissance souterraine qui le caractérise le mieux selon les écrivains. C’est la raison pour laquelle il est la toile de fond de bon nombre d’histoires toutes plus différentes les unes que les autres.

Typiquement, Belleville est le lieu idéal pour installer un thriller, à l’image de Mon vieux de Thierry Jonquet, où la vie fusionne avec l'enquête. Son dynamisme et sa diversité permet également d’installer des fictions sur la durée, à l’instar de la saga Vernon Subutex de Virginie Despentes, ou encore la "saga Malaussène" de Daniel Pennac. Grâce à la richesse de chaque recoin du quartier, les personnages peuvent construire leurs chemins et rendre l’histoire encore plus palpitante que s’ils s'étaient trouvé ailleurs dans Paris.

En bref, un quartier riche, dont la singularité réside dans la diversité !

Vernon Subutex 1
Mon vieux

Dans le centre de Paris

Avec pour point d’ancrage la cathédrale Notre-Dame de Paris, le centre parisien a vu bon nombre de classiques se dérouler. Le plus célèbre ? Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo, évidemment ! En prenant pour lieu principal ce célèbre monument parisien, Victor Hugo déploie une intrigue de 59 chapitres, qui fera le tour du monde au fil des années, et des générations !

Le centre de Paris s’impose donc également comme un véritable symbole dans la fiction, et Notre-Dame n’est pas la seule, loin s’en faut ! En effet, dans toute la littérature, ce quartier nous emporte loin, très loin avec lui, à l’instar de Nadja, héroïne de André Breton, qui se plaît à flâner sur la Place Dauphine, de Ernest Hemingway, qui nous emmène près de la célèbre librairie Shakespeare and Company dans Paris est une fête, ou encore de Aurélien, personnage de Louis Aragon, installé sur l’île Saint-Louis, au 45, quai de Bourbon.

Et comme l’a si bien décrit Claude Roy dans La traversée du Pont des Arts, de l’autre côté de la Seine, se trouve un quartier légendaire, incarné par bon nombre de figures littéraires : Saint-Germain-des-Prés.

Notre-Dame de Paris
Baudelaire, Apollinaire, Éluard et Aragon lus et commentés par Guillaume Gallienne

Au cœur de Saint-Germain-des-Prés

S’il fut mis en lumière par le Manuel de Saint-Germain-des-Prés de Boris Vian, ce quartier du 6ème arrondissement parisien regorge de fictions palpitantes ! Avec pour pilier central l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ce foyer culturel est devenu, dès le 19ème siècle, un point de rencontre historique des écrivains et des peintres parisiens. Une convergence de l’Histoire et de la création, qui a marquée d’une pierre blanche les fictions et la manière de raconter les histoires.

Qu’il s’agisse des souvenirs d’enfance de Jean-Paul Sartre dans Les Mots, ou de mettre en relation la fiction avec l’Histoire dans Rose de Tatiana de Rosnay, le sixième arrondissement n’a eu de cesse d’inspirer les auteurs et les autrices. Au centre de tout ceci ? Le jardin du Luxembourg, qui délimite deux parties du quartier.

Les mots
Rose

En effet, de l’autre côté du 6ème arrondissement, les fictions nous présentent également certains lieux devenus iconiques, telles que la pension Vauquer, où, selon Balzac, le Père Goriot ou Rastignac séjournaient. On retrouve également l’appartement du 7, rue de Quatrefages, mis en scène dans Les Choses de Georges Perec, à travers ce couple de grands consommateurs. Et très rapidement, la visite romanesque se poursuit près du sud parisien, entre la place Denfert-Rochereau et le treizième arrondissement.

Les Choses
Le père Goriot

Dans le sud de Paris

Tout autant exploité que le reste de la ville, le sud de Paris est un territoire de fiction idéal, qui a donné lieu à des livres incontournables. Parmi eux, Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia, dont le personnage, Michel Marini, se retrouve régulièrement à jouer au baby-food au bar le Balto, lieu désormais symbolique du quartier de Denfert-Rochereau.

Et si Paris est souvent utilisée dans les romans pour adultes, les enfants ne sont pas lésés, bien au contraire ! Les contes de la rue Broca, le nom vous dit quelque chose ? Comme son nom l’indique, cette série de petites histoires place son lieu principale rue Broca, à la jonction du cinquième et du treizième arrondissement. De quoi explorer Paris en s’amusant, et pourquoi pas écouter le livre audio sur les traces des personnages ?

Le Club des Incorrigibles Optimistes
Les contes de la rue Broca

Dans le 16ème arrondissement

Souvent perçu comme le quartier le plus chic de Paris, le seizième arrondissement est également un quartier de fiction très prisé, peut-être en raison de son calme apparent, qui cache souvent bien des secrets !

À partir de la Place de l’Étoile, mise en mots par Patrick Modiano comme étant le siège de la Gestapo française, la visite parisienne du 16ème arrondissement nous réserve bien des surprises ! En témoigne les Champs-Élysées, décrits à merveille par Françoise Sagan dans La Chamade, ou encore la discrète rue Erlanger, lieu de nombreux mystères et histoires romanesques, que Jean Echenoz nous conte en fiction dans Vie de Gérard Fulmard, son dernier roman.

Et il s’avère que le roman noir et le roman policier se sont souvent emparé de ce lieu parisien, comme en témoigne le célèbre Arsène Lupin de Maurice Leblanc, dont la résidence se trouve 8, rue Crevaux, ou encore le fameux Nestor Burma de Léo Malet, qui enquête dans le quatier qui a donné son nom au roman : Pas de bavards à la Muette.

Le seizième est un arrondissement plein de ressources, qui nous fait repenser Paris comme un lieu de fiction global, pas uniquement réservé aux monuments ou aux quartiers connus de tou.te.s. C’est peut-être cette même richesse qui a rendu la “Ville Lumière” aussi célèbre, dans laquelle se plonger par la fiction est une garantie d’évasion simple... mais redoutablement efficace !

Vie de Gérard Fulmard
Pas de bavards à la Muette
La chamade
L'Aiguille creuse