En visitant la galerie Sabauda de Turin par une pluvieuse journée d'automne, le découragement me gagne, après une longue enfilade de salles dévolues à la peinture piémontaise et à la peinture italienne de la Renaissance. Je crois que je ne suis pas d'humeur, aujourd'hui, pour les archanges colorés, les gentilshommes musiciens et les vierges à l'enfant. Je m'apprête donc à quitter les lieux quand une vitrine, dans le long couloir central, attire mon attention. 

Connue dans le monde entier, mille fois détournée, citée, reproduite, copiée, morcelée, La Liberté guidant le peuple de Delacroix fait partie de l'inconscient collectif. D'ailleurs, j'ai à la fois l'impression de la connaître par cœur et de ne plus très bien savoir ce qu'elle représente. S'agit-il d'une scène historique ou d'une pure invention ? Est-il question de la Révolution de 1789 ? Après tout, la femme aux seins nus porte un bonnet phrygien… Et pourquoi le romantique et bourgeois Delacroix, d'habitude inspiré par la mythologie ou la littérature anglaise, s'est-il lancé dans la peinture d'une scène de barricades dans Paris ? 

Texte : Sonia Zannad

Voix : Ludivine Maffren

Le thème de la maladie, et surtout de la convalescence, est un classique des scènes de genre, en particulier à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Sous l'influence du romantisme – pour lequel l'amour et la mort sont toujours étroitement mêlés - les peintres se plaisent à détailler de belles alanguies dans leur lit , souvent peu vêtues et  dont la passivité fait des modèles idéaux.