Les Fleurs de l'ombre

Dans votre nouveau roman, Les fleurs de l’ombre, vous mettez en scène l’intimité d’une femme qui se heurte aux nouvelles technologies. De quoi vous êtes-vous inspirée pour cette intrigue ?

J’avais envie d’explorer le futur, ses promesses, ses pièges, et l’angoisse qu’il génère. Un peu façon « Black Mirror ». J’ai laissé libre cours à mon imagination, et je suis partie dans un univers totalement diffèrent !

Pouvez-vous nous expliquer le titre de votre nouveau livre, « Les fleurs de l’ombre » ?

Il s’agit d’une phrase de Virginia Woolf extraite de son roman Mrs Dalloway, et qui décrit la paranoïa, les moments de doute.

Romain Gary et Virginia Woolf ont une certaine importance dans ce roman, pour quelle raison ?

Je souhaitais laisser la part belle à des écrivains attachés aux lieux, puisque mon héroïne Clarissa, ancienne géomètre, étudie dans un de ses romans comment les auteurs prennent possession de leurs territoires intimes. De surcroit, il s’agit de romanciers que je lis depuis l’adolescence, et leur trajectoire me fascine depuis toujours.

Votre héroïne est écrivaine, elle est franco-britannique, mais au-delà de ça, a-t-elle quelque chose de commun avec vous ?

Au risque de vous décevoir, Clarissa n’est pas moi !.... Dès que je publie un livre, mes lecteurs aiment imaginer que le personnage principal, c’est moi. Je me dis alors que j’ai réussi mon coup, puisque j’ai créé un portrait de femme très crédible !

L’histoire se déroule dans un futur proche. Au fond, est-ce que tout ce que vous y décrivez n’existe pas déjà ?

Oui tout à fait. Tout est déjà là, les robots, l’intelligence artificielle, les maisons connectées, les drones, la canicule, la mort des insectes. J’ai simplement emmené le récit à un palier supérieur. Mais je n’ai rien inventé.

C’est vous qui avez adapté votre propre roman en livre audio, quel genre d’exercice c'était ?

C’est la première fois que je le fais, et franchement, j’ai adoré ! C’est assez long, cela m’a pris quatre matinées de neuf à treize heures, mais je me suis investie à fond. J’ai tellement aimé que je suis prête à recommencer pour des textes qui ne sont pas les miens !

Interpréter un livre oralement, quel genre de dimension ça lui donne selon vous ?

Je pense que la voix de l’auteur change tout. Nous, qui lisons nos propres mots, notre texte : c’est une connexion très intime avec le lecteur. La voix, c’est si personnel. J’ai aimé prendre des voix, des tons différents pour chacun de mes personnages. C’était presque comme si je les faisais vivre d’une autre manière.

Vous pour qui les lieux ont une grande importance dans les livres, y’a-t-il un endroit où vous aimez particulièrement profiter d’un bon livre ?

Oui, chez moi, dans un canapé cosy et avec une bonne lumière. Pas de musique et pas de portable.

Quelles sont vos habitudes d’écriture ?

Ecrire, c’est un travail pour moi, donc ce sont des horaires de bureau, du matin au soir, comme tout le monde ! Mais j’ai besoin de silence. L’open space serait impensable !

Vous avez écrit votre roman simultanément en anglais et en français, pour quelle raison avoir choisi ce dispositif d’écriture ?

J’ai donc écrit ce roman en deux langues simultanément, une expérience inédite pour l’écrivaine bilingue que je suis. Comme Clarissa le fait dans son livre. Je ne pensais pas en tirer autant de plaisir. Cette expérience linguistique m’a confirmé ce que je savais déjà, j’ai deux langues maternelles et un cerveau hybride. Et que je les aime autant l’une que l’autre.

Quel genre de lectrice êtes-vous ?

Boulimique ! Et je préfère le papier à l’écran. Mais je dois avouer que le livre audio est très agréable à écouter, surtout si c’est l’auteur qui le lit !

Vous planchez déjà sur un nouveau roman ?

Confinement oblige, oui ! Un peu plus tôt que prévu !

Pour finir, un conseil littéraire à nous donner ?

L’école du ciel, par Elisabeth Barillé, chez Grasset. Une bouffée d’oxygène, un roman sur une maison, une artiste, la nature, la création.

Vous pouvez retrouver Les fleurs de l'ombre de Tatiana de Rosnay en livre audio dès à présent !

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Crédit photo : Charlotte Jolly de Rosnay