L’envie d’écrire m’est venue dans la dernière partie de ma carrière militaire. L’affaire du Rainbow Warrior avait propulsé des cadres de la DGSE loin de la Centrale de Mortier et de ses annexes. C’est ainsi que l’un d’entre eux, le colonel L. s’est retrouvé chef du Bureau Opérations-Instruction à l’École Interarmées du Renseignement. Pour lui, seul comptait le résultat. Nous étions à l’époque (1986) une poignée à tenter de monter ce qui devait être une Académie du renseignement et des langues et son arrivée nous ouvrit de nouveaux horizons. Sous son impulsion, la recherche documentaire sur les forces du pacte de Varsovie devint la priorité n° 1. Il nous envoyait en mission à chaque défilé militaire qui se tenait dans les villes des pays de l’Est. Il nous fallait aussi couvrir les principaux salons d’armement, le tout pour en ramener des images et de la documentation. Tout cela complétait le travail confidentiel et dangereux que menait la MMFL (Mission de liaison auprès des autorités soviétiques) au cœur de l’Allemagne de l’Est. Et l’écriture là-dedans ?
C’est lors d’un de ces retours de mission qu’il nous a entretenu d’un aspect confidentiel de la guerre froide : les réseaux Stay-behind. Dans la paranoïa ambiante, on voyait l’œil de Moscou partout, l’existence d’un dispositif préétabli pour résister à l’ennemi en cas d’invasion soviétique, me sembla difficile à croire. Je creusais la question et amassais des documents et des témoignages, allant jusqu’à rechercher les caches de matériels censées abriter le matériel nécessaire pour observer, transmettre, et détruire.
En 1994, je quittais le ministère de la Défense, mais ce n’est qu’en 2012 que je mis à écrire sur le sujet, l’OTAN ayant enterré ces réseaux de la guerre froide en 1992. Le terrorisme islamiste frappait les chrétiens au Moyen-Orient et je pris le contre-pied de l’actualité en choisissant de publier une fiction « Les Faucons du Vatican », dans lequel, las de voir les démocraties occidentales impuissantes face à ces assassinats, le Vatican décidait de frapper à son tour en s’appuyant sur les réseaux Stay-behind
Je rencontrai alors François de Saint Exupéry, le patron des éditions Nimrod. À notre première entrevue, il me confia l’écriture d’un ouvrage sur l’affaire de Loyada. Je pris ce sujet comme on le fait pour une mission de renseignement, fouiller, croiser les informations, rechercher des documents, rencontrer les témoins et vérifier leurs récits.
Ce n’était pas facile, car les plaies étaient encore à vif, tant chez les hommes du GIGN et des légionnaires que chez les enfants otages. La difficulté de rédaction du livre venait que chaque acteur de ce drame avait vu « son Loyada ». Je passais donc des heures à faire des croquis pour établir le « qui a fait quoi ». Je garde de la rédaction de ce livre, une belle aventure humaine. Quand j’ai posé le point final aux « Enfants de Loyada », je me suis dit qu’à présent, il me fallait écrire impérativement l’histoire des premiers hommes du GIGN. C’est d’eux dont je voulais parler. Une nouvelle aventure commençait…
L’écriture du livre « GIGN, nous étions les premiers » m’a permis de rencontrer les gendarmes qui ont constitué, en 1973, l’ossature de l’« Équipe Commando Régionale d’Intervention », qui deviendra plus tard le GIGN. C’est grâce au premier d’entre eux, Christian Prouteau, que tout cela fut possible. Mais si l’on veut qu’un récit soit crédible, il faut nécessairement qu’il soit validé par des témoins extérieurs à l’action. C’est ainsi que j’ai pu contacter James Callahan, colonel des Special Forces US qui, après avoir expertisé le GIGN, a travaillé à son rapprochement avec la Delta Force ainsi que diverses personnalités (médecins, officiers ayant travaillé avec le GIGN, pilote d’hélicoptère, etc.). Le croisement de tous ces témoignages me fit apparaître qu’il y avait dans les récits antérieurs des « missions oubliées ». Parmi celles-ci Berlin, qui avait été classifiée, l’aide apportée par le GIGN à la Delta Force pour la libération du Général Dozier, alors qu’aujourd’hui encore beaucoup restent persuadés que ce sont les Italiens seuls qui l’ont sorti des griffes des terroristes des Brigades Rouges.
Après avoir écrit deux livres sur le Groupe, le premier sur un fait d’armes, Loyada, le second sur sa constitution, GIGN, nous étions les premiers, il fallait une expérience individuelle pour conclure la trilogie. La vie est faite de rencontres, encore faut-il savoir les provoquer. C’est ce qui s’est passé avec ATON, rencontré dans un stand de tir en Lorraine. Ensemble, nous allons écrire « GIGN, Confessions d’un Ops », un livre qui raconte son aventure au sein de cette unité. Épreuves de sélection, stage d’intégration, entraînement impitoyable, missions confidentielles à l’étranger, libérations d’otages, à chaque page, on peut mesurer le niveau d’expertise qu’est celui du GIGN d’aujourd’hui. Ensemble, Aton et moi avons pensé que cet ouvrage devait être suivi d’un autre, plus complexe, plus technique aussi, sur la préparation physique et mentale aux tests de sélection des unités d’élite. Son titre : Féral, parce qu’il doit réveiller la bête qui sommeille en chacun de nous. Enfin, nous serons sollicités par les éditions Albin Michel pour la rédaction d’un livre consacré à la violence du quotidien et comment y faire face. Ce sera « Se préparer au pire » qui traite de la rencontre Tinder à la période de crise grave en passant par le cyberharcèlement, les vols et les agressions physiques.
J’ai croisé, en 2020, un ancien officier du KGB que j’avais rencontré une première fois en 1992 alors qu’il était en mission. Une discussion dans un café, et, avec Sergueï Jirnov, nous publierons, toujours chez Nimrod, « L’Éclaireur ». Un livre où il raconte sa vie depuis l’enfance à sa sélection par le KGB. Entraînement à la clandestinité, filatures, contre-filatures, kompromat, pressions, chantage et en fuite vers l’Occident.
Vont s’ensuivre « Itinéraire d’un flic de terrain » écrit avec un policier de la BAC 75 N, entrés dans les premiers au Bataclan. Livre qui remet quelques pendules à l’heure… Le hasard me fait connaître, Michel Brejcha. Après 15 ans au GIGN, tout à coup, à 36 ans, le désir de devenir pilote de ligne. C’est impossible, lui a-t-on dit ! Alors, il l’a fait. Bon le chemin n’est pas rectiligne. Il part en Nouvelle-Zélande et commencera par transporter des trafiquants dans un avion de brousse en Asie, dans le Triangle d’or. Mais, à force de volonté, il rejoint une compagnie pour devenir commandant de bord sur Airbus et Boeing. Ce livre, c’est : » Captain Michel ».
Le Jarl est le chef de l’équipe de sécurité d’une boîte de nuit à Rennes. La baston c’est tous les soirs. La drogue et la violence rythment son quotidien. Seul, il a développé une méthode qui lui a permis d’assurer une sécurité totale aux 1500 personnes qui fréquentaient chaque soir son établissement. Bien sûr, il n’y a là-dedans rien d’orthodoxe, c’est pourquoi « Ça va mal finir » en fit tousser plus d’un à sa sortie.
Je retrouve Aton pour l’écriture d’une fiction. Décidés de nous affranchir des contraintes éditoriales des éditeurs, nous décidons de le publier en autoédition. Découvrez le livre « In Fine » sur Amazon. Il vous surprendra. Et soyez patient, il n’est peut-être pas arrivé au bout du chemin…
J’ai également signé les textes d’un livre écrit avec mon amie Sandra Chen-Godefroy, la talentueuse photographe d’action qui s’est penchée sur le quotidien des soignants pendant l’épidémie de Covid : « COVID 19, Ce que veut dire être soignant ».
Un livre sortira en 2026, sur la vie d’un policier très engagé sur la lutte contre les narcos. Là aussi, quelques révélations sont à prévoir ...
Vous l’avez compris, les personnages dont j’écris l’histoire sont atypiques et ne rentrent pas dans le moule des institutions. Afin d’avoir un récit au plus près de la réalité, jamais aucun de ceux-ci n’a été soumis à la relecture d’une autorité, quelle qu’elle soit. C’est la raison pour laquelle aucun de mes livres n’a été retenu pour concourir à un prix officiel. Mais le seul prix qui vaille est celui des lecteurs. Plus de 100 000 lecteurs pour « Confessions… », plus de 60 000 pour « L’Éclaireur », etc. Merci à vous de m’accompagner dans ces aventures !
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