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Menaces sur l’information

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De : RFI
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Chaque année, la liberté de la presse est soumise à une pression croissante à travers le monde. Selon le dernier rapport de l'ONG Reporter sans Frontière, publié en mai 2024, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des environnements extrêmement hostiles à la liberté d'expression journalistique, où exercer ce métier représente un danger pour la vie et la liberté. Pour illustrer ce constat alarmant, la chronique « Menaces sur l'Information » vous invite à découvrir les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans le monde, à travers des portraits de ceux qui ont affronté la répression de la liberté d'expression et qui y ont parfois laissé la vie. Chaque récit met en lumière les enjeux cruciaux de notre époque pour une presse libre et indépendante.

Diffusion : tous les samedis à 6h17, 7h53 et 18h17 TU.

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    Épisodes
    • Le bureau assistance de RSF croule sous les demandes de journalistes
      Jun 21 2025
      C'est là que tout est centralisé. Le bureau assistance de l'ONG Reporters sans frontières (RSF) est un repère pour bon nombre de journalistes menacés à travers le monde. Des journalistes ont bien souvent besoin d'un soutien en urgence. Aide financière, visa, soutien psychologique. Et les demandes sont chaque année plus nombreuses... « On a énormément de demandes. Je dirais qu'on reçoit une dizaine de demandes par jour a minima. On a soutenu l'année dernière 700 journalistes qui veut dire qu'on a traité à peu près 1500 dossiers ». Victoria Lavenue dirige le bureau assistance de RSF depuis six ans. Elle a vu le nombre de demandes exploser depuis son arrivée. « On est contacté par des journalistes qui viennent de publier quelque chose qui les a mis face à un risque et qui font face à des attaques physiques, soit à de la répression juridique et qui ont besoin de médecins, de psys, d'argent, d'avocats pour se mettre à l'abri et continuer leur travail », explique-t-elle. 200 demandes par semaine depuis la RDC Récemment le bureau recevait jusqu'à 200 demandes par semaine en provenance de République démocratique du Congo. Des journalistes de l'est qui ne cherchaient pas à fuir mais à se réinstaller ailleurs dans le pays pour échapper aux menaces du M23. Le journaliste togolais Ferdinand Ayité, lui, a été contraint de quitter son pays. C'était il y a deux ans, après avoir été emprisonné pour une affaire révélée dans son journal L'Alternative. « Comme nous sommes dans l'investigation au Togo, on avait déjà pas mal de déboires. RSF a toujours réagi à chaque fois qu'on a eu des suspensions, des menaces et tout. Et donc dès que j'arrive en France, naturellement je les informe que je suis sur le territoire français et que je vais demander l'asile. Nous avons échangé avec RSF pour voir la possibilité de continuer à travailler pour que ce journal ne s'éteigne pas. Et ensemble, on a convenu de relancer le journal en ligne et nous l'avons relancé depuis Dakar. À partir du bureau RSF à Dakar », indique-t-il. Avec ses sept bureaux régionaux dont ceux de Dakar et Tunis, Reporter sans frontières est devenu un repère pour les journalistes menacés. « Le bureau d'assistance n'est pas connu en tant que tel, mais RSF en général est connu de tous les journalistes en Afrique et particulièrement les journalistes togolais. Lorsque vous avez des difficultés que vous êtes dans le cas comme le mien, que vous vous rendez compte que, en fait, dans l'ensemble de la structure RSF, il y a des sections où il y a des départements où il y a des bureaux comme le bureau d'assistance qui vient au secours des journalistes qui sont en difficulté », dit-il. Afghanistan, Syrie, Ukraine : adapter l’aide au terrain Car les exactions contre les journalistes augmentent. Afghanistan, Syrie, Birmanie, Russie, RDC, les crises durent longtemps et se superposent. Le bureau assistance de RSF a dû adapter ses réponses. « On n'a pas seulement une palette d'outils qui sont l'argent, les avocats, les médecins, les psys. On essaye aussi de s'adapter aux besoins. Par exemple, quand la crise en Ukraine a éclaté, on s'est rendu compte que pour la première fois, on avait affaire à des journalistes qui ne voulaient pas quitter le pays mais qui voulaient y rester et continuer à exercer, mais en devenant des reporters de guerre. Et donc on a mis en place de nouvelles choses. On a proposé du prêt de gilet pare-balles, on a ouvert un centre pour la liberté de la presse, on a travaillé plus sur les formations. Donc je trouve qu'on est aussi très adaptable et très créatif dans la manière dont on répond », indique Victoria Lavenue. Depuis une semaine, les six membres du bureau parisien reçoivent de nombreux mails de journalistes iraniens. Des journalistes sans connexion internet dans l'impossibilité de faire leur travail alors que la guerre fait rage. À lire aussiLa liberté de la presse en recul à travers le monde en 2024, selon Reporters sans frontières
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    • Ouzbékistan: Sharifa Madrakhimova, une journaliste et militante primée empêchée de sortir du pays
      Jun 14 2025

      En Ouzbékistan, une journaliste indépendante et engagée a récemment été empêchée de sortir du pays pour recevoir un prix. Cela fait des mois qu’elle était soumise à différentes formes d’intimidations et de pressions de la part des autorités. Son tort: enquêter de manière engagée sur le sort des agriculteurs forcés de planter du coton, une culture stratégique pour ce pays d’Asie centrale, mais où perdurent des pratiques abusives. Rencontre avec Sharifa Madrakhimova, une journaliste sous pression.

      C’était en février dernier. Sharifa Madrakhimova vient de publier une vidéo en ligne. Elle fait parler un agriculteur pourchassé par les autorités. Il avait en effet osé planter des fraises dans son champ pour agrémenter ses revenus, alors que le gouvernement ouzbek lui impose de se concentrer sur le coton. Une culture stratégique mais moins rentable.

      Tout de suite, les menaces arrivent contre Sharifa : « J’ai eu une convocation de la police en charge de la lutte contre le terrorisme : ils affirmaient qu’un fonctionnaire avait déposé plainte contre moi. C’était suspect, car je n’avais jamais rencontré cette personne. »

      Grâce à un avocat fourni par une association, Sharifa a pu contester cette convocation, et éviter une possible arrestation. Mais ce n’était pas la première intimidation : l’année dernière, elle a été attaquée par deux hommes proches du pouvoir. Cette fois, la police n’a pas enquêté.

      Pour Umida Niyazova, directrice du Forum ouzbek pour les droits de l'homme, les reporters sont des cibles régulières dans le pays. « Les autorités considèrent que les journalistes et les militants qui enquêtent sur les droits des travailleurs menacent la sécurité nationale, c’est pour cela que les policiers en charge de suivre les militants des droits de l'homme appartiennent au service de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. »

      En Ouzbékistan, l'État contrôle largement la presse et la télévision. La répression des journalistes indépendants s'était toutefois réduite avec l'arrivée d'un nouveau président, en 2017, mais elle a repris depuis 3 ans. Surtout pour les reporters qui traitent de cette filière stratégique du coton, comme Sharifa Madrakhimova. Et c'est certainement pour cela qu'elle a été empêchée de sortir du pays: en mai dernier, elle devait recevoir un prix de l'ONG internationale Front Line Defenders, mais son passeport lui a été livré endommagé, et donc inutilisable. Ces menaces n'entament cependant pas le courage de cette journaliste.

      À lire aussiEn Ouzbékistan, Emmanuel Macron cherche à sécuriser l'approvisionnement en uranium de la France

      « Quelqu'un doit diffuser les voix des personnes qui souffrent. Si tout le monde a peur de le faire, nous perdons le combat. Je le fais car on ne peut pas m'obliger à me taire. Et maintenant, je ne peux plus reculer. Ce prix a attiré l'attention sur moi. Quand il a été annoncé, j'ai constaté que j'étais surveillée par les autorités, mais en général, je pense que cette attention internationale peut me protéger. »

      Lors de la remise de ce prix à Dublin, fin mai, sa voix a bien été entendue: Sharifa avait enregistré un message vidéo, qui a été diffusé sur grand écran lors de la cérémonie.

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    • Les journalistes gazaouis réclament un statut de victimes à la Cour pénale internationale
      Jun 7 2025

      Depuis le début de la guerre contre Gaza, près de 200 journalistes palestiniens ont été tués sur place, selon Reporters sans frontières (RSF). L'ONG française a porté plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) et réclame en plus que les reporters puissent bénéficier du statut de victimes auprès de l'instance internationale. Une démarche inédite. Un de ces journalistes actuellement témoin dans la procédure, c'est le photoreporter Mohamed Zaanoun. Il était à Paris cette semaine pour témoigner au nom de ses collègues palestiniens morts et vivants de Gaza.

      En 20 ans de journalisme à Gaza, Mohamed Zaanoun a couvert 10 guerres israéliennes. « Être journaliste à Gaza, c'est aussi chercher à survivre, tenter de sauver ses proches », raconte t-il.

      Vivant désormais en exil en Europe, il a témoigné à l'Assemblée nationale ce mardi au micro de Lila Okiunora : « Le danger est toujours là. Mes frères et sœurs sont eux aussi journalistes. Durant 20 années, je me suis attelé à enseigner et à former ma propre famille au journalisme. Ils font le même métier. Il y a quelques jours, mon petit frère a été blessé directement en couvrant la situation, le génocide en cours dans la bande de Gaza. »

      À lire aussiPlus de 130 ONG et médias, dont RFI, France 24 et MCD, demandent l'ouverture de Gaza aux journalistes internationaux

      Mohamed a perdu sa maison et aussi une partie de son visage dans une frappe israélienne à Gaza. Il avait dû se tenir loin de sa famille pour ne pas l'exposer aux frappes. Car, oui, les journalistes à Gaza sont des cibles de l'armée israélienne : Reporters sans frontières peut le prouver pour au moins 45 des 200 journalistes tués depuis 2023.

      Jonathan Dagher, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF : « C'est largement, pour ne pas dire uniquement, grâce à ces journalistes qu'on est capables aujourd'hui de voir ces crimes que l'armée israélienne est en train de commettre dans la bande de Gaza. Et c'est pour ça qu'ils sont ciblés. C'est pour ça aujourd'hui qu'on défend ces journalistes. C'est une action inédite un peu. Aujourd'hui, on a envoyé des demandes de participation de journaliste qui sont heureusement vivants, qui ont survécu à ce massacre. Ils sont en exil et On demande que la Cour les accepte en tant que victimes, parce que le statut de victimes devant la Cour diffère de celui des témoins. Ils ont la chance de demander des réparations, d'être entendus de façon différente devant la justice internationale. On a des preuves, des éléments, des témoignages qui montrent une vraisemblance de ciblage direct de ces journalistes. »

      RSF a déposé quatre plaintes au total devant la CPI, pour enquêter sur les crimes contre les journalistes à Gaza. Des journalistes qui, en plus des bombes, sont aussi victimes de critiques disqualifiantes : tantôt accusés d'antisémitisme ou d'être le relais de propagande du Hamas.

      « Couvrir ce qui se passe n'était pas un choix. J'ai été obligé de le faire, car autour de moi, il y avait l'oppression, les meurtres, la famine, le siège, le génocide. Et donc, il me fallait transmettre tout cela de façon fidèle et réaliste. Le vrai journaliste, c'est celui qui voit avec ses yeux d'humains et transmet de façon professionnelle ce qui se passe. »

      En attendant que la justice fasse son chemin, Mohamed, loin de Gaza, tente de faire entendre la voix de ses collègues, tout en gérant ses nombreux traumatismes. Les cris des enfants qu'il n'a pas pu sauver et qui résonnent toujours dans sa tête.

      À lire aussiRami Abou Jamous: «Être journaliste à Gaza, c’est faire partie des gens qui sont ciblés»

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