Mémoires d’Hadrien : Résumé
Publié en 1951, Mémoires d’Hadrien est donc un roman, mais pas n’importe quel roman ! En effet, il s’agit là d’un roman dont les éléments historiques ne trompent pas. L’empereur Hadrien s’y livre à son petit-fils Marc Aurèle, alors qu’il est en fin de vie. Marc Aurèle a dix-sept ans, et est aussi et surtout le potentiel successeur d’Hadrien. En cela, sa position de destinataire est importante, puisqu’on peut voir qu'Hadrien s’y livre sans filtre. Entre sa philosophie de vie, sa passion pour les mots ou encore ses exploits militaires, Mémoires d’Hadrien prend rapidement la forme de mémoires, comme son titre l’indique !
Le roman se compose de six chapitres, non numérotés, dont chaque titre est écrit en latin. Et il est essentiel de rappeler que l’Empereur Hadrien a bel et bien existé (76-138). Entre les notes de l’autrice et le récit purement fictif, l’alliage historico-romanesque est maîtrisé à la perfection, et chaque propos est cité avec source et précaution.
Résumer les Mémoires d’Hadrien s’impose donc comme un véritable défi, puisque depuis sa villa de Tibur, l’Empereur ne narre pas un récit, mais relate une vie entière de façon chronologique, entre liberté et sobriété. On cerne rapidement le caractère de ce narrateur, à la fois nostalgique et plein de tempérance.
Hadrien raconte donc à Marc Aurèle son expérience de juge à Rome, son adoption par Trajan, ses débuts en tant qu’Empereur, son histoire d’amour avec Antinoüs, ou encore ses douleurs de vieillesse.
En envisageant le suicide, il nous permet de mener une véritable réflexion sur la place du corps, la possession de celui-ci, ou encore le recul face à une existence débordée de souvenirs.
Car oui, le but ici est de préparer son petit-fils Marc Aurèle à ce qui l’attend. Il lui importe qu’il réfléchisse à la prise de pouvoir, au même titre que l’importance de la dignité, et d’un tel témoignage pour l’avenir. On l’aura compris Mémoires d'Hadrien est une œuvre magistrale, écrite d’une main de maître par Marguerite Yourcenar, que beaucoup cite comme ouvrage de référence. Mais comme tout pilier, la création de ce livre à une histoire !
La création d’un chef-d'oeuvre
Précisons-le à nouveau, Mémoires d’Hadrien est un livre entièrement fictif, même s’il se base sur des sources historiques notables. En effet, l’Empereur a laissé un vaste héritage, et a ouvert une lignée d’empereurs dans le paysage romain de l’époque. Et parmi les sources qu’il a pu laisser, on retrouve une biographie officielle, seul appui culturel, rédigée trois ans seulement avant sa mort. Malgré tout, Marguerite Yourcenar a réussi à rendre sa voix aussi réelle que possible. Le déclic pour entamer ce chantier d’écriture ? Une citation issue de la correspondance de Gustave Flaubert :
« Les dieux n'étant plus et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été »
Marguerite Yourcenar avait donc à cœur, dès l’âge de vingt-six ans, de montrer un homme, mais aussi un moment de l’Histoire, à travers ces mots. Bien qu’elle ait hésité entre Hadrien le mathématicien Omar Khayyam, elle a jeté son attention sur le poète, à la fois lucide et ouvert d’esprit.
Plusieurs ébauches des Mémoires d’Hadrien ont existé, rédigées entre 1924 et 1929, mais toutes ont été détruites par l’autrice elle-même. Car à l’origine, le manuscrit ne motivait pas les éditeurs ! Ce n’est que 25 ans plus tard que le livre jaillit à nouveau dans esprit. Et cette fois-ci, elle fait bien parler Hadrien, puisqu’auparavant, le narrateur principal était son favori, Antinoüs.
En écoutant ce récit passionnant, on imagine à quel point la documentation dût être vaste pour l’écrivaine. La proximité et la fidélité avec le personnage d’Hadrien est percutante, malgré quelques éloignements évidents par rapports à la réalité. Car c’est bien la force de ce livre : il s’agit d’une histoire fictionnelle ! Une fiction telle, que Mémoires d’Hadrien fut placé dans la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps par le Cercle norvégien du livre. Un projet de longue haleine, mûrement réfléchi et travaillé, que l’autrice ne regrettera pas !
Si Mémoires d’Hadrien pourrait être vu comme le monologue d’un vieil homme en fin de vie, il est aussi une œuvre capitale, entre philosophie, histoire et romanesque, qui montre que le lien entre toutes ses disciplines supplante toute catégorie. Un livre qui se prête particulièrement à l’écoute des récits de guerre, des histoires d’amour et des réflexions existentielles, que la voix de Stéphane Varupenne permet de mettre en lumière de la meilleure des façons. En bref, un classique, à picorer ou à dévorer d’un coup !
