Qui est Alice Zeniter ?
Alice Zeniter est une romancière, dramaturge et metteuse en scène française dont l’œuvre explore avec finesse les liens entre mémoire, identité et pouvoir.
Née d’un père algérien et d’une mère française, elle porte en elle cette double appartenance culturelle qui traverse nombre de ses textes. Formée à la Sorbonne Nouvelle et à l’École normale supérieure, elle se consacre d’abord aux études théâtrales avant de quitter l’université pour se tourner entièrement vers la création artistique. Après trois années passées à Budapest, où elle enseigne le français et collabore avec plusieurs compagnies de théâtre, elle revient en France pour publier une série de romans salués par la critique. De « Deux moins un égal zéro », écrit à seize ans, à « Sombre dimanche » qui a reçu le prix du Livre Inter, en passant par « Juste avant l’oubli » récompensé du prix Renaudot des lycéens, elle s’impose comme une voix singulière de la littérature contemporaine française. Son roman « L’Art de perdre », couronné du prix Goncourt des lycéens, la consacre auprès du grand public. À travers la trajectoire d’une famille entre la France et l’Algérie, elle y interroge la mémoire coloniale et la transmission.
Également dramaturge et metteuse en scène, Alice Zeniter signe des textes où se rencontrent exigence littéraire et engagement politique. Son écriture, à la fois limpide et dense, interroge la manière dont les récits façonnent nos représentations du monde et donne voix à celles et ceux qu’on a trop longtemps tus.
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L’art de perdre
Couronné de nombreux prix dont le prix Goncourt des lycéens 2017, nous suivons sur trois générations l'histoire d'une famille dont les racines sont ancrées en Algérie. Le récit s'étale de la jeunesse à l'exil du grand-père Ali, jusqu’à la quête tardive, en 2015, d'une Algérie pleine de secrets par la jeune Naïma, en passant par l'intégration douloureuse de Hamid, le père de l'une et le fils de l'autre. Traître pour sa patrie d'origine, bougnoule pour sa patrie d'adoption, Ali se mure dans un silence douloureux. Sa petite-fille Naïma, jeune femme indépendante, archétype de l'enfant de la troisième génération d'immigrés parfaitement intégrée, reste malgré elle hantée par le déterminisme social et culturel d'où elle vient. Le roman d’Alice Zeniter est une interrogation sur la part de la liberté et celle du déterminisme historique et familial dans l'existence individuelle.
Frapper l’épopée
Après « L’Art de perdre », Alice Zeniter poursuit son exploration des mémoires coloniales avec un nouveau roman ancré en Nouvelle-Calédonie : Tass, professeure revenue sur son île natale après une rupture, s’inquiète de la disparition de deux de ses élèves kanaks. Son enquête la conduit jusqu’à un groupe indépendantiste clandestin prônant « l’empathie violente », une forme de résistance symbolique qui vise à troubler la certitude des colons de toujours être chez eux. Peu à peu, la quête de Tass devient une exploration intime de ses origines et de l’empreinte coloniale laissée dans sa lignée.
Toute une moitié du monde
Dans cet essai brillant et accessible, Alice Zeniter interroge la place des femmes dans la littérature. Elle part du constat que les héroïnes des récits classiques sont rares, souvent reléguées à l’ombre de héros virils. Avec humour et intelligence, elle explore la persistance du personnage de fiction et la nécessité d’y faire entendre d’autres voix : celles des femmes, mais aussi des minorités longtemps ignorées. Zeniter nous incite à ouvrir les fenêtres de la fiction pour laisser exister cette « moitié du monde » qui y est trop longtemps restée invisible.
Comme un empire dans un empire
Deux personnages, comme les deux faces d’une même pièce : L., hackeuse insaisissable, plongée dans les profondeurs du Web. Et Antoine, assistant parlementaire d’un député socialiste, ancré dans les institutions et les couloirs du pouvoir. Deux manières opposées de penser et de vivre l’engagement : l’une dans l’ombre, l’autre à la lumière. Tous deux issus de la classe moyenne, nourris par l’idéal méritocratique, cherchent à agir sur le monde. Antoine croit encore à la politique traditionnelle ; L. préfère le langage des réseaux et la force des communautés virtuelles. Leur rencontre devient le fil conducteur de l’intrigue. À travers ces deux personnages imparfaits, Zeniter dresse le portrait d’une génération en quête de sens, écartelée entre action et désillusion, entre engagement et repli. Un roman lucide.
Juste avant l’oubli
Entre roman noir et drame sentimental. Sur une petite île des Hébrides battue par les vents, un groupe d’universitaires se réunit pour célébrer Galwin Donnell, maître du polar disparu mystérieusement des années plus tôt. Parmi eux, Émilie, doctorante passionnée, et Franck, son compagnon, un infirmier réservé qui ne partage ni le culte ni l’enthousiasme des admirateurs. Alors qu’Émilie se laisse happer par la ferveur des chercheurs fascinés par l’écrivain, Franck, lui, s’attache aux confidences du gardien de l’île. Au fil de leurs échanges, la légende de Donnell se fissure, tout comme les certitudes du couple. L’île, imprégnée du souvenir de l’auteur, devient le théâtre d’un trouble plus profond, où l’amour et l’admiration se confondent.