Etes-vous prêts pour une expédition jusqu’au Pôle Nord ? C’est ce que propose les Baladeurs, un podcast produit par la revue Les Others, dans un nouvel épisode passionnant. François Bernard, véritable aventurier qui est parti à la conquête des trois pôles (l’Everest, le Pôle Nord et le Pôle Sud), revient sur ce défi fou qu’il s’est lancé avec trois amis il y a déjà plus de vingt ans, en 1996

Leur ambition : partir en totale autonomie depuis le Cap Arctique, pour tenter d’atteindre le point le plus septentrionnal de la planète en 56 jours. Pour cela, ils doivent parcourir plus de 1000 kilomètres, sur une banquise qui bouge sous leurs pieds et peut soit accélérer leur avancée, soit la freiner….

Les difficultés qui jalonnent cette expédition sont d’ailleurs si nombreuses que rares sont ceux qui ont tenté l’aventure. Au moment où François et ses amis se lancent, seules deux équipes ont déjà réalisé cet exploit. Le froid mordant et permanent, les moments où la couche de glace est si fine qu’elle peut rompre, les crêtes de compression à gravir, les ours qui peuvent rôder près des tentes, les sacs à dos qui pèsent plus d’une centaine de kilos, les risques d’asphyxie dans la tente, et le moindre liquide qui gèle (même la sueur !), donnent à cette histoire des allures de film d’horreur.

Le pire moment de la journée ? “Le réveil”, affirme François. Enveloppé dans son duvet des pieds à la tête, il ne laisse qu’un espace au niveau de la bouche pour respirer. “Comme on a passé toute la nuit à souffler dans ce petit trou, quand on se réveille ce n’est qu’un bloc de glace autour de la bouche… Il faut arriver à casser cette glace pour sortir du duvet comme une chrysalide, comme un papillon !” Les parois intérieures de la tente, elles, sont recouvertes de trois centimètres de givre.

Heureusement, l’aventure comporte aussi de beaux moments. Au mois d’avril, les températures qui radoucissent légèrement (entre -20 et -25°C quand même !) facilitent la marche. Et au fur et à mesure que les jours passent, les sacs à dos se font plus légers…

François parle de ces petits bonheurs au milieu de cette immense épreuve : *“Quand certaines journées il n’y a pas de vent, qu’il fait grand soleil sur cette banquise magnifique, qu’on s’imagine qu’on est sur 50 centimètres de glace avec 4000 mètres d’eau en-dessous.... Si on imagine un globe terrestre et l’endroit où on se trouve sur ce globe, ça prend une autre dimension. On prend le temps d’ouvrir les yeux.”
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Comme chaque épisode des Baladeurs, qui a d’ailleurs remporté le prix Audible du public lors de la première édition du Paris Podcast Festival en 2018, celui-ci est un petit bijou sonore. L’introduction de Camille Juzeau, le sound-design très travaillé, la passion de celui qui raconte une histoire qui l’a marqué à jamais, tout cela contribue à nous immerger dans un autre univers.

*“Au moment où j’ai fait toutes ces expéditions, je me suis demandé : ça sert à quoi ?” *s’exclame François. “Le constat est dur : ça ne sert à rien. A part à soi-même. On n’apporte rien à personne”. Sauf à nous, auditeurs et auditrices, qui sommes pendus à ses lèvres...

À la conquête du pôle Nord, avec François Bernard