« Running Man » : du roman au film
En 1982, sous le pseudonyme de Richard Bachman, Stephen King publie « The Running Man », un roman de science-fiction qui plonge le lecteur dans un futur sombre et particulièrement oppressant. Ce récit dystopique, écrit en pleine ère Reagan, anticipe une société gouvernée par les médias, au sein de laquelle les inégalités sociales explosent et où les citoyens trouvent leur seule distraction dans des jeux télévisés meurtriers. En 1987, Hollywood s’en empare et livre une adaptation très libre avec Arnold Schwarzenegger, qui transforme l’histoire en film d’action spectaculaire. En 2025, une nouvelle version signée Edgar Wright permet de revenir davantage à l’essence du roman. Entre critique sociale, dystopie et divertissement, « Running Man » est devenu une œuvre culte, toujours pertinente aujourd’hui, à l’heure des télé-réalités et du spectacle permanent. Retour sur ce roman, son adaptation cinématographique et les attentes autour du remake.
Le roman « Running Man » : résumé et analyse
Ben Richards, chômeur désespéré, accepte de participer au jeu télévisé « The Running Man » (La Grande Traque en VF). C'est le show le plus lucratif, mais aussi le plus dangereux du Libertel. Le principe est simple : survivre 30 jours tandis que des Chasseurs (les « Hunters ») le traquent sans relâche. Chaque citoyen peut le dénoncer, ce qui fait que le pays entier devient un véritable terrain de chasse.
Ben Richards, intelligent et rusé, tente de déjouer ses poursuivants, mais le système est implacable. La fin, violente et désespérée, tranche radicalement avec les codes hollywoodiens : le héros choisit la destruction totale, à l’image d’un acte de rébellion.
Environnement narratif et décor
Le roman « Running Man » s’ancre dans une Amérique appauvrie et polluée. Co-op City, cité misérable dans laquelle vit Ben Richards, illustre parfaitement la fracture sociale tandis que les médias, omniprésents, lavent le cerveau des masses. À la clé ? Une dictature invisible, mais terriblement efficace.
Ben Richards, un antihéros moderne
Contrairement à l’image d’Arnold Schwarzenegger dans le film de 1987, le personnage de Ben Richards n’est ni musclé ni invincible. Stephen King le décrit comme maigre, malade et vulnérable, mais c’est également un homme déterminé, et c’est cette fragilité qui renforce son humanité et sa révolte.
Antagonistes et show télévisé
Dans « Running Man », le vrai « méchant » n’est pas seulement Dan Killian, le producteur cynique, mais le système tout entier. Les « Hunters » sont les bras armés d’un spectacle télévisé dans lequel chaque citoyen est complice. Par ce biais, Stephen King dénonce le voyeurisme et l’indifférence collective.
Le temps comme enjeu
La structure du roman « Running Man », scandée par le décompte des jours et des heures, ajoute forcément une dimension oppressante. Le temps devient une arme psychologique, un moteur dramatique qui pèse sur chaque choix du héros.
Petit clin d'oeil à l'auteur
L'action passe à un moment à Derry, ville fictive du Maine bien connue des lecteurs de King (on vous renvoie à Ça...).
Origine de Running Man
Publication sous le pseudonyme Richard Bachman
En 1982, Stephen King est déjà un auteur reconnu après « Carrie », « Shining » et « Dead Zone », entre autres. Afin de tester son succès en dehors de sa notoriété, il choisit de publier certains livres sous le pseudonyme de Richard Bachman. C’est sous ce nom que paraît « Running Man », aux côtés d’autres titres, tels que « Marche ou crève » ou « Rage ».
Ce choix reflète une démarche quasi expérimentale : Stephen King voulait ainsi savoir si son succès était dû à son nom ou à la puissance de ses histoires. « Running Man », intégré au recueil « The Bachman Books », sera l’un des plus marquants de cette expérience.
Structure, intrigue et personnages
Le roman « Running Man » est bâti comme un compte à rebours : chaque chapitre annonce le temps restant au héros. Cette mécanique dramatique intensifie la tension et place également le lecteur dans une course contre la montre permanente.
Le personnage principal, Ben Richards, est un homme ordinaire, pauvre et malade, poussé à s’inscrire au jeu télévisé « The Running Man » afin de sauver sa famille. Les antagonistes, menés par Dan Killian, incarnent quant à eux la froideur d’une production médiatique qui manipule le public afin de maintenir un système injuste.
Quels sont les thèmes majeurs de « Running Man » ?
Le roman s’articule autour de thèmes que l’on pourrait qualifier d’intemporels :
La dystopie, avec une société gouvernée par une dictature médiatique.
Les inégalités sociales, avec un univers où les pauvres servent de spectacle aux riches.
La critique des médias, qui transforment la souffrance (et la violence) en divertissement.
Mais aussi la survie : dans « Running Man », l’homme est réduit à une proie traquée.
« Running Man » : le film de 1987
Une adaptation libre
Réalisé par Paul Michael Glaser, le film de 1987 transforme radicalement le matériau d’origine. Le récit, qui se déroulait dans tout le pays, est réduit à une arène futuriste. Le ton, sombre et politique dans le roman, devient dans cette adaptation celui d’un film d’action satirique.
Ici, le récit, qui se déroule dans tout le pays sur trente jours, est condensé et réduit à une arène futuriste souterraine où le spectacle se déroule en une seule nuit. Le jeu devient un show télévisé gladiatorial, avec des "stalkers" plutôt colorés.
Le ton, sombre et profondément politique dans le roman, devient dans cette adaptation celui d'un film d'action à couleurs criardes, avec une satire sociale certes présente mais nettement édulcorée. La fin, surtout, est radicalement différente : contrairement au choix du roman, le film offre une conclusion où le héros triomphe en exposant la corruption du système en direct. Une fin plutôt hollywoodienne.
Arnold Schwarzenegger en Ben Richards
Dans la version de 1987, au sommet de sa carrière, Arnold Schwarzenegger incarne un Ben Richards totalement différent : un héros bodybuildé, charismatique, qui affronte ses ennemis à coups de poings et de punchlines. Cette première adaptation a davantage misé sur l’action et les répliques cultes que sur la noirceur omniprésente du roman. Cependant, malgré ses écarts, le film a marqué les années 80 et reste culte, symbole d’un cinéma d’action un brin excessif et à sensations.
L’adaptation 2025 par Edgar Wright
Genèse du projet et production
En 2021, Paramount annonce que Edgar Wright réalisera une nouvelle adaptation de « Running Man ». Connu pour son sens du rythme et son regard critique sur la pop culture, Edgar Wright semble assez idéal pour restituer la noirceur du roman de Stephen King.
La promesse de fidélité au roman
Edgar Wright a déclaré vouloir s’éloigner du modèle de 1987 afin de revenir à la vision de Stephen King : un récit désespéré, politique, au sein duquel Ben Richards est un homme vulnérable et non un superhéros.
Le tournage s'est déroulé sur environ 5 mois entre fin 2024 et début 2025, avec Wright déclarant qu'il s'agit d'un "road movie intense et dangereux" où le personnage de Powell "traverse différents environnements". Exit l'arène unique du film de 1987 et retour à la structure originale du roman, avec une traque à travers tout le pays.
L’adaptation fait volontairement la part belle au look “S-F des années 80” et un aspect un peu décalé dans ses dialogues, tout en conservant la noirceur du scénario.
Quel est le casting de « Running Man » en 2025 ?
Dans la version 2025 de « Running Man », c’est Glen Powell qui endosse le rôle de Ben Richards. Au casting, on retrouve également des acteurs tels que Josh Brolin qui joue le rôle de Dan Killian, mais également Jayme Lawson (Sheila Richards), Katy O’Brian ou encore Daniel Ezra, entre autres.
Comparaison entre le roman et les films
Le roman, sombre et critique, diffère du film de 1987, qui privilégie l’action. Le remake de 2025 représente davantage un équilibre permettant de garder le spectacle tout en restituant la profondeur sociale du récit.
Ton et atmosphère : du désespoir à l'action, et retour ?
Le roman (1982) est sombre, désespéré, claustrophobique malgré la vastitude géographique. C'est un cri de rage politique contre une société injuste. La violence y est brutale, réelle et l'ambiance est celle d'un cauchemar dystopique.
Le film de 1987 est coloré, satirique mais léger, spectaculaire avant d'être politique. C'est un divertissement à gros budget qui utilise les codes du film d'action des années 80 : muscles, explosions, répliques cultes. La violence devient divertissante. Le film conserve une satire sociale, mais édulcorée par rapport au spectacle.
Pour le film de 2025 (d'après les premières images et interviews), Wright semble viser un équilibre : action spectaculaire héritée du cinéma moderne, mais au service d'un propos politique retrouvé. Le film promet d'être "intense" et "dangereux", avec un héros vulnérable plutôt qu'invincible. La satire semble aiguisée (le personnage de Bobby Thompson avec son dialogue "bloodlust is our birthright!" - "la soif de sang/la violence est notre droit de naissance !"), ce qui laisse peu de doute sur l'intention critique.
Ainsi 2025 voit 2 adaptations des romans de King plutôt critiques : avec Marche ou Crève et Running man, comme un retour plus près du matériau de base.
FAQ : « Running Man »
Le roman « Running Man » est-il très différent du film de 1987 ?
Oui, les deux versions sont très différentes. Le roman est une dystopie noire et désespérée, tandis que le film mise sur l’action et l’humour noir.
Est-ce que l’adaptation de 2025 sera fidèle au livre ?
C’est la promesse d’Edgar Wright, qui veut revenir à l’esprit sombre et politique du roman de Stephen King.
Quand sortira le film en France ?
La sortie de sortie est prévue le 19 novembre 2025.
Quelle est la morale du roman « Running Man » ?
Stephen King dénonce la dictature du divertissement et l’indifférence collective face à la souffrance humaine.
Le roman a-t-il inspiré d’autres œuvres ?
Oui, son influence est clairement visible dans des dystopies, telles que « Hunger Games » ou des séries telles que « Black Mirror », par exemple.
Alors, Running Man ou pas ?
Quarante ans après sa parution, « Running Man » reste incroyablement actuel. Entre la société du spectacle, les médias omniprésents et les inégalités croissantes, le roman de Stephen King n’a rien perdu de sa force. Si le film de 1987 a marqué son époque par son action, l’adaptation 2025 pourrait enfin offrir une version plus fidèle, capable de toucher plusieurs générations d'un coup.
TL;DR – L'essentiel en quelques lignes
📖 Le roman (1982) : Stephen King, sous le pseudo Richard Bachman, imagine un futur dystopique (2025 !) où les pauvres participent à des jeux télévisés mortels. Ben Richards, père désespéré, doit survivre 30 jours traqué par des chasseurs et indirectement par une nation entière.
🎬 Le premier film (1987) : avec Arnold Schwarzenegger, ce film transforme le roman sombre en action-movie spectaculaire des années 80. Muscles, punchlines cultes ("Here is Sub-Zero, now plain Zero !"), arène futuriste – divertissant mais éloigné du livre.
🎥 Le film 2025 : Edgar Wright (Baby Driver, Shaun of the Dead) promet un retour à l'essence du roman. Glen Powell incarne un Ben Richards vulnérable, Josh Brolin le producteur cynique, Colman Domingo l'animateur sadique. Sortie : 19 novembre 2025 en France.
🎯 Pourquoi c'est important : « Running Man » anticipait les dérives de la télé-réalité, la désensibilisation face à la souffrance et la dictature médiatique. 40 ans plus tard, c'est plus actuel que jamais.






