Réparer les vivants

Les débuts d'une carrière littéraire

Né en 1967 à Toulon, Maylis de Kerangal grandit dans une famille de la noblesse bretonne, attachée au service de l’État, et marquée par le collectif. Si son nom signifie “la maison de celui qui parle français”, l’œuvre de l’autrice sera pourtant celle de toutes les paroles, destinée à quiconque s’y ouvre et s’y retrouve. Mais avant d’être l’autrice que l’on connaît aujourd’hui, Maylis de Kerangal passe son enfance au Havre, la “ville des ponts” selon elle, qui inspirera peut-être son récit Naissance d’un pont. De plus, de par cette jeunesse havraise, l’écrivaine porte une importance profonde et véritable à la mer, puisque son père était capitaine au long cours sur des paquebots, et que le monde marin a bercé son enfance. De manière très naturelle, l’eau sera le compagnon littéraire de quelques-unes de ses productions, notamment Corniche Kennedy, qui place son action au centre d’une jeunesse marseillaise.

Au fil de son parcours, Maylis de Kerangal entreprend des études en classe préparatoire à Rouen, puis étudie l’histoire, la philosophie et l’ethnologie à Paris. Suite à ces trajectoires étudiantes, elle travaille chez Gallimard jeunesse, puis interrompt sa carrière par deux voyages aux États-Unis, notamment dans le Colorado. Lorsqu’elle revient en France, elle passe une année à l’EHESS, et y étudie les sciences sociales, jusqu’à la publication de son premier roman, aux éditions Verticales.

Une autrice complète

En 2000, elle publie Je marche sous un ciel de traîne, déambulation d’un narrateur au cœur du sud-ouest français, qui sera un succès notable. Elle publie ensuite plusieurs livres, tels que La vie voyageuse (en 2003), Dans les rapides (en 2007), ou Corniche Kennedy, en 2008, qui figure dans les listes de différents prix littéraires. Il sera d’ailleurs adapté à l’écran par Dominique Cabrera. Ce roman marque le véritable début des prix littéraires pour l’autrice, qui se verra même récompensée par le prix Médicis et le prix Franz-Hassel en 2010 pour Naissance d’un pont.

En parallèle, Maylis de Kerangal créé sa propre maison d’édition jeunesse, les Éditions du Baron Perché, qui confirme son approche pluridisciplinaire de l’écriture. En 2008, elle quitte la maison pour se consacrer à temps plein à sa carrière d’écrivaine et de femme de lettres. C’est cette année-là qu’elle publiera Corniche Kennedy.

En 2014, son roman Réparer les vivants connaît un grand succès, et reçoit pas moins d’une dizaine de prix. Il est adapté sur les planches (par Sylvain Maurice ou encore Emmanuelle Noblet), mais aussi à l’écran par Katell Quillévéré. Il s’agit de l’histoire d’un jeune homme en état de mort cérébrale, en attente d’une transplantation d’organe. Ce livre est le témoin que Maylis de Kerangal est une plume de renom mais aussi à part dans le paysage littéraire français.

Un style inimitable

Si Maylis de Kerangal est devenue une auteure incontournable en France, c’est aussi parce que son style ne ressemble à aucun autre. En effet, à coup de longues phrases jamais indigestes, elle nous emporte avec elle dans ses récits, sans jamais nous perdre ni nous rendre étranger au parcours de ses personnages.

De plus, elle fait régulièrement appel à une certaine oralité, oralité qui permet de rendre l’identification plus facile. De plus, cette oralité place également ses histoires dans un mouvement bien plus dynamique, qui permet de s’y plonger à 100%. En alternant le discours et les notes de dialogue oral, Maylis de Kerangal réussit l’audacieux pari de nous transporter avec elle, et ça n’est pas pour rien que ses ouvrages connaissent de tels succès !

Enfin, en faisant appel à l’humour, mais aussi à l’ironie, elle développe une nouvelle perspective dans une écriture pleine de vie, de sens, et d’intelligence. C’est dans cette optique que Maylis de Kerangal nous fait aussi réfléchir à la force de l’écriture pour porter une histoire.

Car ses livres sont ceux qui nous plongent dans des mondes pas si différents du notre, mais qui réussissent à donner toute sa puissance à l’interprétation, au pouvoir des mots et au récit des autres. En cela, Tangente vers l'est, Naissance d’un pont, ou Un monde à portée de main sont des ouvrages qui se destinent naturellement au livre audio, pour notre plus grand plaisir !

Un monde à portée de main

Crédit photo : Francesca Mantovani-éditions Gallimard