Les fleurs du mal

La genèse d’une œuvre

Les Fleurs du Mal ne s’est pas toujours présenté comme le recueil que l’on connaît aujourd’hui. Le chemin a été long, et parsemé d’étapes ! En effet, à l’origine, Baudelaire avait publié différents poèmes dans des revues éparses. Ainsi, ”À une dame créole” ou “Lesbos” figuraient sur des supports différents. Ce n’est qu’en 1855 que 18 poèmes sont réunis au sein de la Revue des deux Mondes, sous le titre “Fleurs du mal”.

Deux années plus tard, le poète remet son manuscrit de 100 poèmes - symbole de perfection - à un éditeur. Ce dernier le fait seulement tirer à 1300 exemplaires, ce qui, aujourd’hui, paraît presque risible ! En onze ans, Les Fleurs du Mal ont connu pas moins de quatre éditions différentes. Leur point commun ? Elles ont suscité un certain scandale !

En effet, alors que la plupart des critiques et la majorité de la société conformiste considèrent ce recueil comme “immoral”, un premier article paraît, le qualifiant de “chef-d'œuvre”. Certains poèmes sont malgré tout censurés, condamnant Baudelaire et son éditeur pour délit d’outrage à la morale publique, et ne seront publiés à nouveau qu’en 1949, presque un siècle plus tard !

Et si Les Fleurs du Mal fait autant parler de lui, c’est avant tout parce qu’il s’agit d’un recueil qui brise les codes de l’époque. Qu’il s’agisse du style, de la structure ou des images utilisées, rien ne semble correspondre à ce que la création littéraire impose au 19ème siècle : le romantisme. C’est dans cette perspective que l’œuvre aura une influence considérable sur certaines figures telles que Rimbaud, Verlaine, ou encore Mallarmé !

Un titre évocateur

Les Fleurs du Mal se sont donc éparpillées avant la création du recueil tel que l’on connait aujourd’hui. Par exemple, dès 1845, 26 poèmes étaient réunis sous le nom “Les Lesbiennes”. Le titre final a, lui aussi, connu une évolution notable.

En 1848, Charles Baudelaire opte pour “Les Limbes”. Mais très rapidement, cette idée est oubliée, puisqu’un recueil du même nom était paru en 1852, celui de Georges Durand.

Trois années plus tard, les “Fleurs du Mal” apparaissent dans la fameuse Revue des deux Mondes. Un titre évocateur, puissant, qui possède de nombreuses références, notamment celle de la relation entre le Mal et le Beau. Une inspiration purement baudelairienne, qui viendra surtout marquer le travail poétique de tout le recueil.

Parmi les références notables de ce titre, on retrouve le mal de l'individu face à la société, mais aussi l’angoisse de l’âme, ou encore la propension à aimer le malheur. En réalité, ce que Baudelaire cherche à nous dire ici, c’est que la beauté persiste dans le mal, et ce recueil en est le plus bel exemple.

Les poètes maudits

Un recueil de la sensation

Divisé en six parties, Les Fleurs du Mal pose les bases de la poésie moderne. Sa structure est finement étudiée, et s’articule selon une pensée bien définie, ce qui n’était pas nécessairement le cas à l’époque. Mais ce qui rend ce recueil si fort, c’est aussi la manière de traiter certains thèmes comme l’obsession de la mort, ou encore la souffrance de l’homme.

Le "spleen" baudelairien va alors apparaître, marquant ce dégoût du monde et cette tristesse distillée au fil des poèmes. Dans cette perspective, Charles Baudelaire s’inspire des sensations physiques, mais aussi de la nature, de la mémoire, pour véhiculer son message. Entre le temps qui passe, le sommeil ou les saisons, tout est fait pour répondre à l’accablement de l’homme grâce à l’idéal. C’est le pouvoir des images et de la poésie !

Autant de représentations qui ne sont pas dues au hasard ! En effet, Baudelaire était un fin amateur d’art, et sa passion pour la peinture s’inscrit merveilleusement ici. Si Baudelaire cherche des remèdes à l’ennui, à la morosité et au temps qui passe, il réalise bien vite qu’il est impuissant, et que ses interrogations philosophiques ont ce pouvoir d’incantation propres aux grands poètes.

C’est aussi la raison pour laquelle, entre lucidité et images poétiques, Les Fleurs du Mal est devenue non pas une œuvre majeure, mais un monument de la littérature française, que le livre audio permet de restituer avec finesse et passion !

L'intégrale de l'œuvre poétique