Alors voilà

L’hôpital comme décor de fiction

L’hôpital n’est définitivement pas un lieu comme les autres. Si la plupart d’entre nous ne s’y rend que très rarement (et c’est probablement tant mieux !), il apparaît comme un endroit fort, haut en symboles, mais aussi assez mystérieux. Ces petits secrets, ces coulisses, chacun d’entre nous s’y intéresse !

C’est la raison pour laquelle les histoires qui le prennent comme personnage principal nous fascinent. Si l’enjeu de ces fictions n’est pas de faire de nous des médecins, encore moins de nous révéler les travers de l’hôpital, il n’en reste pas moins que suivre des soignants et des soignantes, des patients et des patientes, au sein d’un univers aussi singulier, n’est pas sans nous captiver. C’est typiquement ce qui se passe avec Les yeux couleur de pluie, le premier livre de Sophie Tal Men, elle-même médecin. Ici, chacun est plongé dans le milieu de l’internat, comme si on y était, et le livre audio est un support d’immersion idéal !

De la même manière, le célèbre roman d’Éric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la dame rose, nous livre une relation tendre et émouvante entre un enfant malade et une certaine “Mamie Rose”, qui tente de lui faire vivre chaque jour aussi fort qu’il le peut. Car si Oscar sait qu’il va mourir, si Oscar vit à l’hôpital, ce lieu peut aussi devenir un lieu de joie, de tendresse et d’espoir. Et il n’y a que la fiction pour nous le prouver !

Les yeux couleur de pluie
Oscar et la dame rose

La fiction, un moyen de penser la médecine

L’hôpital n’est pas qu’un bon lieu pour installer une histoire, il est également un sujet à part entière, qui ouvre le champ des possibles sur différents sujets. La condition du personnel soignant, la place du corps, le sentiment d’être patient, autant de questionnements qui peuvent se poser lorsqu’on parle de médecine.

La fiction est précisément ce terreau fertile où peuvent se développer ces réflexions. Grâce à des personnages incarnés, à des histoires singulières, les auteurs et les autrices peuvent nous faire penser, et même repenser la médecine. C’est le cas de l’œuvre de Martin Winckler qui, dans L’école des soignantes, nous invite dans un futur proche à déconstruire le statut du soignant, et à en abolir les différents statuts, notamment masculins et féminins. En se basant sur l’empathie, le soin devient captivant, et le livre audio prend une tournure d’aventure intime que l’on n’arrive plus à lâcher !

C’est aussi ce que l’histoire mise en lumière par Maylis de Kérangal dans Réparer les vivants, nous laisse penser. Entre collectif et intime, on suit la transplantation cardiaque de Simon, 17 ans, le tout mené en vingt-quatre heures. Autour de lui, famille, médecins, infirmières, qui se battent contre la montre autour du sujet du don d’organes qui, au final, nous touche tous et toutes. Car la médecine est aussi le reflet d’une société particulière, que la fiction met en relief de la plus belle des manières.

L'École des soignantes
Réparer les vivants

Le médecin, une figure forte

Et si la médecine existe, c’est aussi et surtout parce qu’il existe des médecins. Ces figures essentielles et supposément cartésiennes peuvent aussi devenir de vrais personnages romanesques. Entre les témoignages puissants d’interventions, ou les anecdotes cocasses que ces dernières peuvent impliquer, on retrouve dans le fiction différents degrés de lecture de la médecine. Il n’en reste pas moins que chacune porte en elle une force romanesque pour nous emporter avec elle dans une histoire.

Par exemple, dans Le médecin de campagne de Bazac, le médecin est la figure tutélaire, qui inonde le récit par sa présence, alors même qu'il possède des secrets indicibles. Mais on sait aussi que la figure de médecin est devenue une figure de fantasme, et il n’a de cesse d’inspirer les auteurs de fictions érotiques, à l’instar du livre de Sandra Norrbin, Les Internes en médecine, qui utilise cette fonction pour en faire le fruit d’un travail érotique que le livre audio permet de très bien mettre en valeur.

On l’aura compris, grand décisionnaire ou figure plus ludique, le médecin est à lui seul le symbole de ce milieu singulier mais connu de tous qu’est la médecine. Et si chacun d’entre nous a un jour déjà eu besoin d’être soigné(e) pour avancer, il y a fort à parier que la fiction nous aide à le voir sous un jour nouveau.

Le médecin de campagne
Les Internes en médecine
Hippocrate aux enfers. Les médecins des camps de la mort