Qui n’a jamais regretté d’avoir fait prévue de lâcheté, un jour dans sa vie ? C’est précisément ce qui rend Les guerres intérieures (Audiolib) un livre universel et profondément humain. Ce dernier roman, publié par Valérie Tong Cuong, est l’histoire de pax Monnier, un comédien raté, dont un coup de téléphone risque de bousculer la vie : un réalisateur veut le rencontrer. C’est en se rendant à ce rendez-vous essentiel pour lui que Pax Monnier entend des bruits étranges à l’étage supérieur de son appartement. Pris par le temps, il se persuade qu’il ne s’agit de rien d’important, mais pourtant, il apprend par la suite qu’un étudiant a été violemment agressé. Ce n’est qu’une année après qu’il fait la rencontre d’Emi Shimitzu, dont il tombe amoureux. Il ne sait pas encore qu’elle est la mère de l’étudiant agressé un an auparavant. Entre lâcheté ordinaire et culpabilité, Les guerres intérieures explore notre intériorité et le dépassement de soi. Et à l’occasion de sa sortie en livre audio, nous avons rencontré Valérie Tong Cuong pour en parler !
Absolument, mon fils a été agressé dans le hall de mon immeuble, lorsqu'il était âgé d'une douzaine d'années. Un voisin est passé et n'est pas intervenu. Cela m'a profondément ébranlée.
C'est celle dont nous sommes tous capables, lorsque nous détournons le regard ou lorsque nous faisons des choix dont nous savons pertinemment qu'ils ne sont pas justes, par peur, par pression, par confort, par mimétisme, etc. Aucun être humain n'y échappe, mais c'est un aspect que nous n'aimons pas voir … et de ce fait, nous détournons volontiers le regard du miroir lorsque nous sommes confrontés à cette réalité.
Tout à fait. La plupart du temps, après avoir commis un acte de lâcheté ordinaire, nous passons notre chemin et faisons en sorte d'oublier le plus vite possible ce moment dont nous ne sommes pas fiers. On ignore ce qu'il advient aux personnes à qui l'on n'a pas porté secours. Dans "les guerres intérieures" au contraire, Pax mesure la conséquence de sa lâcheté lorsqu'il apprend par la police que son jeune voisin a été sauvagement agressé et qu'il est grièvement blessé. Un jeune homme qui a à peu près l'âge de sa fille…Là, il ne peut plus prétendre que rien de grave ne s'est produit.
Tout comme la lâcheté, la culpabilité est un sentiment universel -sauf chez les psychopathes, qui ne connaissent pas le remord. Même les meilleurs d'entre nous ont des gestes, des paroles, des choix à se reprocher. Cependant, cette culpabilité n'est pas un poids mort. Elle nous tire la plupart du temps vers le haut, car elle nous rappelle ce que nous ne voulons plus faire, ne plus être, et devient un moteur de changement.
L'amour est un carburant extraordinaire, qui permet de se transcender, voire d'aller jusqu'au sacrifice. Ici, il y a en effet l'amour qui va naître entre Pax et Emi, mais il y a aussi l'amour qu'ils portent à leurs enfants. C'est l'ensemble de ces liens qui va pousser à l'action chacun d'entre eux, les pousser à prendre des risques et à se mettre en danger.
C'est merveilleux, et d'autant plus que ce livre est lu par Thibault de Montalembert, un comédien formidable. Pour la petite histoire, lorsque le livre a été présenté aux librairies, bien avant sa sortie, Thibault de Montalembert a accepté d'en lire un extrait. L'assistance était subjuguée, moi la première. C'est une grande chance pour un auteur de voir son livre adapté en audio. Cela ouvre de nouveaux territoires, un nouveau public. Mais surtout, entendre le texte et ses personnages s'incarner, c'est très émouvant. En français, comme en anglais puisque le livre est aussi disponible sous le titre "The lies i never told you".
Immergée actuellement en pleine écriture, je ne lis pas de roman… mais j'ai profité de mes derniers trajets en voiture pour écouter "Par les routes", lu par François Morel. Un vrai plaisir !
(Crédit photo : Patrice Normand)