Du « Roman de Renart » datant du Moyen Âge à « La ferme des animaux » de George Orwell ou « Les fourmis » de Bernard Werber en passant par les fables de La Fontaine, les animaux ont toujours fait partie des récits littéraires comme de notre vie. Ils sont le miroir des humains et servent à transcrire le monde des hommes. Et bien souvent, ils font passer ce que les censures religieuses ou politiques n’auraient jamais admis…
Les animaux dans la littérature : Leurs premières traces
Les animaux sont présents dans les textes et la littérature depuis des milliers d’années. Alors que les Egyptiens utilisaient des symboles d’animaux pour écrire des textes, les peaux d’animaux servaient à la fabrication de parchemins dès le IIe siècle. Le premier texte français, une satire, dans lequel un animal joue un rôle principal, est celui du « Roman de Renart », un recueil de récits animaliers datant du XIIe siècle. Cette histoire parle des ruses et des mauvais coups du personnage principal, Renart, un renard qui trompe les autres animaux du royaume. Ces animaux ont des traits humains et vivent près des hommes.
Quels rôles jouent les animaux ?
Dans les textes, il existe des animaux qui n’ont pas plus d’importance que les autres éléments non humains du monde comme les arbres ou les objets. Le niveau d’individualisation et de volonté de ces animaux est donc minimal. Mais le plus souvent dans la littérature, le degré d’individualité et de volonté des animaux que nous rencontrons, les rend équivalents à des personnages humains. Les animaux interagissent avec les personnages humains dans une collaboration amicale ou dans une lutte. Les animaux amicaux appartiennent souvent, mais pas toujours, aux personnages humains. En relation étroite avec eux, les animaux peuvent prendre leurs propres décisions, ils ont leur propre individualité, ils sont pourvus de volonté et ont souvent un caractère marqué comme dans « Les mémoires d’un chat » de d’Hiro Arikawa. Ils commencent à ressembler aux humains en raison de leur rôle dans le récit. Nous trouvons aussi cette forme de collaboration par exemple dans « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry. La lutte et la brutalité, en revanche, nous les trouvons dans « Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne ou dans « Le Chien des Baskerville » d’Arthur Conan Doyle.
Il existe également des récits où le personnage humain et le personnage animal sont liés par une relation de métamorphose. Ici, les deux personnages ne sont en réalité que deux parties de la même personne. L’animal et l’humain se présentent et se comportent différemment dans le récit, mais cette différence ne sert qu’à montrer la cohésion profonde, parfois tragique de ces deux entités. « La Métamorphose » de Franz Kafka en est un exemple phare. Les personnages animaux peuvent aussi interagir entre eux tout en ayant peu ou aucun rapport avec des personnages humains. Dans ce cas, les animaux sont équivalents à ces derniers. Pour ne citer que des exemples connus, on trouve « Croc-Blanc » de Jack London, « La Ferme des animaux » de George Orwell, certains contes, et la plupart des fables. Les fables jouent un rôle particulier, elles sont porteuses de message, de morale et donnent la parole aux animaux qui sont parfois même assez loquaces à l’exemple des très célèbres fables de Jean de la Fontaine.
Pour plus de clarté, nous avons classé les livres par genre et nous signalons pour chaque ouvrage de quel animal/de quels animaux il s’agit.
Les animaux et la fantasy
La ferme des animaux de (bestiaire)
« Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres » En 1945, Orwell dénonce un système communiste voué à se transformer en dictature. Dans ce roman, les animaux d'une ferme, allégorie du prolétariat, se rebellent face aux humains représentant le capitalisme. Jugeant leurs conditions de vie inadmissibles, les cochons organisent une révolution afin de chasser les humains. Une fois ceux-ci expulsés, ils mettent en place un nouveau système qui se veut plus juste. Mais celui-ci va virer au cauchemar et glisser vers la seule dictature de Napoléon, l'un des cochons leaders de la révolution.
La guerre des clans d’Herin Hunter (chats)
Rusty, jeune chat domestique convoite une vie loin des humains, dans la forêt qu’il observe en face de chez lui. Un jour, malgré les mises en gardes de son ami, le jeune chat aventurier quitte sa zone de confort de chat domestique et part à l'assaut de la forêt. Là-bas, il découvrira des chats vivant en clans, organisés en alliances, plus ou moins réussies. Rusty essaiera de se faire une place dans un clan qui le rejette à cause de son passé de chat domestique. Malgré quelques mauvaises aventures, Rusty sera passionné par sa nouvelle vie de chat sauvage !
Les animaux dans la science-fiction
La planète des singes de Pierre Boulle
Ce livre sans prétention, mais tellement captivant, marque le départ détonnant d'une saga qui est devenue une des plus célèbre de l'histoire du cinéma et les prémices des films spectaculaires ont suivi. Pierre Boule imagine une humanité soumise tandis que les singes eux deviennent la race dominante. Le roman de Pierre Boulle est un divertissement intelligent, parfaitement mené, qui suscite autant d'émotion que de réflexion. Dans ce récit très fortement marqué par les travaux de Darwin, il est beaucoup question d'évolution. L'auteur s'interroge par exemple sur le bienfondé de la propension de l'espèce dominante à s'arroger le droit de disposer des autres espèces selon ses besoins. L'humain, qui se pense si parfait, si abouti, n'a peut-être pas fini d'évoluer et qui sait si l'Homo Sapiens n'est peut-être pas le stade ultime de notre évolution, mais un simple stade intermédiaire.
Les fourmis de Bernard Werber
Roman animalier, « Les Fourmis » est sorti en 1991 et présente deux mondes, celui des humains et celui des fourmis. Le personnage principal, Jonathan Wells, est le neveu du biologiste Edmond Wells. Après la mort de ce dernier, il hérite d’un appartement dans lequel il s’installe avec sa famille. En possession d’une lettre de son oncle le dissuadant d’aller dans la cave, il est néanmoins contraint d’y aller afin de retrouver le caniche qui s’est enfui et qui ne revient pas. Et dans cette cave, il fait des découvertes incroyables. Jusqu’au jour où Jonathan ne remonte pas de la cave et que petit à petit d’autres personnes parties à sa recherche ne remontent pas non plus. Quant aux fourmis, elles vivent elles aussi de nombreuses aventures non loin de l’appartement de Jonathan.
Les animaux dans le fantastique
La métamorphose de Franz Kafka (insecte)
De manière volontaire ou non, des hommes se transforment parfois en animaux dans la littérature. Cette transformation sert le plus souvent à comparer l'homme aux caractéristiques de l'animal en question, permettant ainsi de se questionner sur la nature humaine. Un des exemples le plus célèbre est « La Métamorphose » de Franz Kafka publié en 1915.
Dans ce roman, Gregor Samsa est un représentant de commerce. Il fait vivre sa famille grâce à un travail qu'il effectue sérieusement, mais sans joie. Un matin, il se réveille transformé en un insecte immonde. Sa famille est horrifiée et ne comprend pas que Gregor continue, malgré tout, à avoir une conscience humaine. Enfermé dans sa chambre et ne pouvant plus travailler, il tente de s'adapter à son nouveau corps, mais son quotidien se détériore de plus en plus. Ce récit a donné lieu à de nombreuses interprétations sur la vie de "petit bourgeois", les relations familiales, la maladie, la solitude ou encore l'exclusion sociale.
D’autres métamorphoses : La Belle et la Bête
Les aventures d’Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll (bestiaire)
Ce roman fantastique, un grand classique, qui regorge d’animaux où même une espèce disparue réapparaît, le dodo. Alice est une enfant solitaire qui peuple son monde d'amis imaginaires. L'entrée dans l'univers d'Alice nous fait oublier le nôtre, perdre contact avec notre réalité, tel un rêve éveillé. Dans cet ouvrage halluciné, on rencontre un grand nombre d’animaux, un véritable bestiaire.
Les animaux dans les romans d’aventure
Croc-Blanc de Jack London (chien)
Jack London nous entraîne dans les étendues sauvages du Grand Nord pour raconter l'histoire bouleversante de Croc-Blanc, un chien-loup tiraillé entre sa nature sauvage et son aspiration à l'amour et à la paix. À travers une écriture brute et captivante, l'auteur nous fait partager la douleur et les luttes de l'animal : le froid glacial, les combats pour survivre, les cruautés humaines. Mais c'est aussi une plongée dans une époque marquée par la ruée vers l'or où pionniers et Amérindiens cohabitent dans un monde dur et impitoyable. Finalement, l'arrivée d'un maître juste et bienveillant change tout. Grâce à lui, Croc-Blanc découvre une autre manière de vivre où tendresse et confiance remplacent la peur et la rage. Un récit puissant sur la résilience et la quête de liberté, aussi bien pour l'homme que pour l'animal. Une jolie parabole.
Moby Dick d’Herman Melville (baleine)
Ismaël embarque sur le terrible Pequod, baleinier commandé par le capitaine Achab, pour une campagne de pêche à la baleine. L'équipage découvre rapidement que l'expédition est en réalité une croisade insensée, à la poursuite de Moby Dick. « Moby Dick », c'est l'incommensurable, l'inaccessible, c'est le cachalot qui "n'a pas de visage". Ainsi, on le pourchasse tout au long du roman, on essaie de le repérer, de le capturer, de le harponner, mais les aspirations humaines, même les plus téméraires, restent vaines. Le mystère reste entier parce qu'il est soigneusement entretenu tout au long du roman.
Les animaux dans les romans policiers
Le chien des Baskerville de Sir Arthur Conan Doyle
Un chien rôde dans la nuit, une bête monstrueuse, énorme et féroce. Ses hurlements déchirent le silence de la lande désolée, envahie de brouillard. Elle a été aperçue, des témoins terrorisés ont décrit ses yeux de feu, son mufle grognant de haine… La bête a tué, et elle tuera encore. On le sait, la légende le dit : une malédiction poursuit, de génération en génération, la lignée des Baskerville. Une bête féroce qui semble venir tout droit des enfers. Une histoire devenue un grand classique !
Les animaux dans les romans classiques
Les mémoires d’un chat d’Hiro Arikawa (chat)
« Les Mémoires d’un chat » a obtenu un grand succès et a été traduit dans de nombreuses langues. Ce roman est une véritable ode aux liens qui nous unissent, qu’ils soient humains ou animaux. Le chat Nana, à la fois intelligent et empathique, nous invite à explorer la complexité des relations humaines, les enjeux sociaux du Japon et la richesse des liens entre l’homme et l’animal. Ce roman se distingue par son originalité, car le chat, par son récit, offre une perspective unique qui mêle divers points de vue. Nana égratigne notre monde humain par ses observations justes et piquantes. La structure du roman est tout aussi singulière, en effet chaque partie porte le prénom d’un ou plusieurs amis auxquels Satoru, le maître de Nana, rend visite pour tenter de trouver un nouveau foyer à son chat…
Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach
Fabuleuse allégorie doublée d'un hymne à la tolérance, ce grand classique réussit à nous émouvoir et nous pose de belles questions. C’est l’histoire de Jonathan, un goéland qui veut voler toujours plus haut, toujours plus vite, toujours plus loin, mais sa passion lui vaut d'être exclu de sa communauté. Ce roman propose plusieurs niveaux de lectures ce qui rend cette lecture accessible à tous et toutes car chacun.e y trouvera sa vérité, du simple dépassement de soi à une belle introspection sur ce que pourrait être le sens d'une vie. Certain.es verront dans le développement de Jonathan une belle histoire de goélands, d'autres un exemple de volonté face à l'adversité, ou encore l'obsession d'aller au bout de ses rêves. D'autres iront plus loin en y voyant une quête, celle du sens de la vie, voler plus haut et plus longtemps, atteindre une certaine plénitude et en faire un état permanent. Vivre pleinement ses rêves, avoir du courage pour être soi-même, de la volonté pour avancer face aux vents contraires. Une écoute qui va forcément vous remuer.
Le petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry
Dans ce petit grand classique intemporel, nous suivons l’histoire et les différentes rencontres du Petit Prince tout au long de son voyage. Le petit Prince rapporte par exemple sa conversation avec le renard qui porte sur le thème de l’attachement personnel. Les animaux, comme le renard, symbolisent ici des leçons essentielles sur l’amitié, la confiance et la responsabilité. À travers eux, le Petit Prince apprend l’importance des liens uniques qui se tissent entre les êtres, donnant un sens profond aux relations humaines et au privilège d'un ami. Ils lui font comprendre que la tendresse et l'attention que l'on porte à quelqu'un vont au-delà des apparences, car elles viennent du cœur.
Les animaux dans les livres de non-fiction
Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour (chien)
Un bijou, un pas comme les autres, fendant les codes des romans mièvres et sentimentaux. Le récit va vous bouleverser du début jusqu'à la fin même si vous ne connaissez pas les compagnons à quatre pattes. C'est l'histoire d'Ubac, un bouvier bernois, qui entre dans la vie du narrateur. Un lien fusionnel s'installe dès les premiers jours, ils deviennent inséparables, ils savent détecter quand l'un des deux ne va pas bien, une osmose touchante. L'auteur met avant sa joie, ses peines envers Ubac sans jamais tomber dans le pathos. Bien au contraire, Cédric Sapin-Defour nous dépeint cette relation en toute pudeur et tendresse, à travers une écriture poétique et pleine de sensibilité. Ce roman est une ode à l'amour, à la vie. Un roman magistral, à écouter de toute urgence.
Podcast : Dans la tête des chiens
Dans la tête d’un cheval de Léa Lansade
Ce livre est bien plus qu’un simple guide pour mieux comprendre le comportement des chevaux : C’est une réflexion approfondie sur nos interactions avec eux et leur rôle dans nos vies. Accessible à un large public et agréable à écouter, il parvient à allier rigueur scientifique et fluidité narrative, ce qui le rend captivant même pour ceux ou celles qui ne sont pas spécialistes. Appuyé par des études variées et pertinentes, l’ouvrage propose un contenu fouillé et offre des pistes intéressantes à celles et ceux qui côtoient des chevaux ou s’intéressent au comportement animal en général. Ce livre n’est en aucun cas un simple outil d’apprentissage, mais bien plus une véritable invitation à repenser notre façon d’agir avec les chevaux.
L'homme-chevreuil de Geoffroy Delorme
Depuis son plus jeune âge attiré par la forêt et ses habitants le jeune Delorme décide de s'y installer après une rencontre avec un chevreuil. L'aventure dure sept années durant lesquelles le naturaliste photographe vit en immersion dans le massif forestier de Bord-Louviers, dans l'Eure. Il s'adapte au rythme des chevreuils et en s'inspire d'eux pour vivre en parfaite autarcie. Tout en racontant son quotidien avec les chevreuils, l’auteur explique les contraintes et les dangers de plus en plus présents pour ces animaux sauvages. Pourtant, des solutions existent… Ce livre est une réflexion sur le monde sauvage et la place qu'on lui laisse dans nos sociétés industrialisées à outrance. Une écoute qui nous montre combien l'équilibre de notre planète est précaire.