Le Horla

Le Horla : Résumé

L’histoire du Horla part de la situation personnelle de Maupassant. En effet, pour comprendre la genèse de cette nouvelle, il est capital de savoir que l’auteur était occupé par des troubles mentaux, survenus en 1878. Interné au sein d’un asile, il sera paralysé des membres, et certains éléments du Horla prennent une toute autre dimension à travers le prisme de cet élément biographique.

Il s’agit donc d’une nouvelle fantastique, dont le récit en soi tire son origine d’une autre nouvelle de Maupassant : Lettre d’un fou, parue dans le journal "Gil Blas". La première version est un récit composé de plusieurs récits, alors que la deuxième version, la plus connue, est présentée comme un journal intime, sans intermédiaire entre le narrateur et le lecteur. De quoi faciliter le processus d’identification !

Concrètement, dans sa deuxième version, Le Horla raconte l’histoire d’un narrateur, pris par des angoisses et des troubles psychologiques inconnus. Autour de lui, ce dernier sent une présence invisible qu’il nommera “le Horla”. Progressivement, il succombera à une forme de folie, et se donnera pour enjeu de se débarrasser de cette présence fantôme. Un exemple célèbre met en scène le narrateur s’observant dans un miroir, et ne pouvant plus y apercevoir son reflet. Ces troubles mentaux le conduiront à effectuer des actions fantasques et romanesques, jusqu’à mettre le feu à son domicile. Doutant de l’efficacité de cette décision, la fin présente la perspective envisagée par le narrateur pour se délivrer de ce Horla : le suicide.

Le Horla : une nouvelle fantastique

Le Horla est donc une nouvelle qui appartient au registre fantastique. Le fantastique a été théorisé par le critique littéraire Tzvetan Todorov, dans Introduction à la littérature fantastique. Dans cet ouvrage, il décrit le fantastique ainsi :

Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l’événement doit opter pour l’une des deux solutions possibles : ou bien il s’agit d’une illusion des sens, d’un produit de l’imagination et les lois du monde restent alors ce qu’elles sont ; ou bien l’événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire ; ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu’on le rencontre rarement.

Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu’on choisit l’une ou l’autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l’étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel.

On l’aura compris, le Horla se place parfaitement dans cette définition, selon laquelle un événement inconnu surgit et ne peut s’expliquer. C’est donc à celui/celle qui est plongé.e dans l’histoire de savoir rendre l’explication plus la plausible possible, comme un acteur de la nouvelle.

Ainis, la figure du Horla est une figure purement fantastique, qui symbolise le tiraillement entre l’impossibilité de résoudre son mystère et la volonté de trouver une raison naturelle à ces troubles mentaux. Et le livre audio permet de parfaitement mettre cette dualité en perspective !

Le Horla, une figure devenue populaire

Le Horla est une nouvelle devenue très populaire, si bien qu’il arrive qu’on l’étudie à l’école. Mais si elle est aussi connue, c’est que la figure que représente le Horla est passionnante. En effet, le nom “Horla” est un néologisme créé par Maupassant lui-même, dont l’origine s’explique par deux hypothèses principales :

  • La combinaison de “hors-la-loi" et de “horsain”, un terme normand dont la signification est “l’étranger”,

  • Le collage des deux termes “hors” et “là”, qui laisserait voir une contradiction entre le caractère irréel de cette présence, et à la fois l’aspect bien réel. Une présence-absence bien digne du fantastique !

Car oui, le Horla est une présence, que l’on ne peut voir à l’œil nu. C’est en ça que cette figure est purement fantastique, et qu’elle peut prendre le dessus du le narrateur. Toutefois, si, dans la nouvelle, il est capable de déplacer les objets ou de dialoguer, Maupassant ne nous indique rien de concret sur sa forme. Inquiétant !

Le Horla se caractérise également par son omniprésence au sein du récit. Même s’il n’apparaît qu’une fois dans la nouvelle, on le sait, il est partout, tout le temps. En cela, cette nouvelle reprend certains codes du fantastique directement liés à l’angoisse, et au doute continu.

Si Le Horla est une nouvelle célèbre de Maupassant, elle regorge d’interprétations en tous genre, qui en font un texte saisissant. Entre une mise à l’épreuve de la raison et un suspense haletant, ce texte a de quoi nous emporter loin, très loin avec lui !

Boule de suif / Le Horla