Dans un monde de plus en plus rapide et éphémère, où le choix ne cesse de grandir dans tous les secteurs, attirer l'attention de clients potentiels avec votre titre pourra faire la différence. Devez-vous ajouter une allitération, un jeu de mot, une rime ? Sa construction et le nombre de noms sont-ils corrects ? Devez-vous être plutôt littéral ou abstrait ?
Voyons comment nous pouvons vous guider à travers ce champ de mines.

Le titre d’un livre peut influencer la décision d’achat

Devrait-on accorder autant d’importance à ce qui est écrit sur la couverture d'un livre?

En effet, ce sont bien les mots à l'intérieur qui font la qualité d’un livre, c’est un fait - surtout à l’heure du numérique où l’anonymat de notre lecture est enfin possible grâce aux liseuses électroniques mais aussi et surtout aux livres audio : fini le temps du pêché mignon exposé à toute la rame de métro !

Mais la réponse est oui. Deux fois oui. C'est sans doute la décision marketing la plus importante que vous pourrez prendre et qui pourra faire décoller, ou non, vos ventes.Le marché du livre est de plus en plus saturé et les consommateurs ont pris l'habitude de juger rapidement si un livre leur convient ou non.

Titre morne ? Non merci. Titre cliché ? Sans façon. Titre compliqué ? Suivant.
Cette réalité peut paraître brutale mais pourtant si vraie, et d’autant plus pour la navigation en ligne. Il est difficile d'attirer l'attention de quelqu'un, il faut donc réussir à marquer les esprits en un seul instant.

Voici quelques exemples de titres forts. Ce ne sont évidemment que quelques exemples arbitraires parmi des milliers d'autres exemples, tirés des meilleures ventes des livres audio du moment.

L'art subtil de s'en f*utre
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon
La vie rêvée des chaussettes orphelines
Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une

Comment trouver un titre de livre unique

Selon une étude du site tor.com, qui a analysé les titres des livres fantastiques et de science-fiction les plus populaires entre les années 2000 et 2010 à l’international, les mots revenant le plus souvent dans les titres étaient :

● Ombre
● Dragon
● Guerre
● Nuit
● Mort
● Ville
● Sombre
● Sang
● Magique
● Monde

Mélangez le tout et vous obtiendrez un titre au hasard qui pourrait ressembler à quelque chose comme « À l’ombre du Dragon: Guerre et Nuit».

Les mots en français (comme en anglais d’ailleurs) sont assez limités quand il s’agit de trouver le titre idéal, et comme pour les adresses de sites Web, il y a de fortes chances que les meilleurs soient déjà pris. Par « pris », nous entendons plutôt « utilisé » plus que « réservé et inutilisable ».
Vous ne pouvez pas vous approprier le titre d’un livre, mais la loi reste
cependant plus stricte lorsqu’il s’agit d’une série ou d’une saga.
Une fois que plusieurs livres sont publiés sous le même nom, cela devient une
« marque » qui peut être déposée, tout comme un autre produit commercial.

La tentation d’ignorer le passé et les livres déjà parus en pensant que votre titre sera forcément nouveau et novateur sera forcément forte, mais ce serait une erreur. Si vous voulez que les gens trouvent votre livre, à un moment donné vous devrez utiliser Google afin de vous assurer que le titre n’est pas déjà pris, mais surtout de vous comparer avec les meilleurs livres de votre catégorie, pour comprendre quels sont les titres qui se vendent bien.

Attention à ne pas limiter votre champ de recherche (et de comparaison) aux seules œuvres de littérature, car en effet un titre de livre peut aussi être un titre de film, de série TV, de jeux de société ou même de jeux vidéo !
Prenez par exemple le célèbre livre de Winston Churchill « Gathering Storm » : outre son adaptation au cinéma puis à la télévision, c’est aussi un titre largement utilisé dans d’autres domaine, avec notamment un jeu vidéo, un livre blanc publié par l’UNICEF, mais aussi de très nombreuses autres œuvres.

Alors, même si les moteurs de recherches seront de véritables alliés dans vos recherches de titre, n’hésitez pas à les utiliser à bon escient et à bien couvrir toutes les disciplines artistiques !

L’utilisation de mots choc dans votre titre de livre

Une tendance récente montre une augmentation de l’utilisation de jurons ou mots familiers dans les titres de livres, afin d’attirer l’attention à la première lecture et de marquer les esprits. Par exemple, le bestseller anglais « The subtle art of not giving a fck » (en français « L’art subtile de s’en futre ») ou encore le désormais célèbre livre « A year in the merde », montrent qu’il n’est pas impossible de jouer avec les mots plus familiers pour refléter une réalité parfois plus sincère.

En effet, le serment n'a pas toujours été perçu comme vulgaire dans la société. Les Romains criaient même des mots grossiers au milieu des mariages pour favoriser la fertilité. Au Moyen Âge, bon nombre des jurons d’aujourd’hui n’étaient pas perçus comme obscènes, la preuve en est de nombreux petits villages aux noms quelque peu évocateurs et qui nous font souvent rire aujourd’hui, mais qui étaient tout à fait couramment utilisés à l’époque.

C’est au moment de la révolution industrielle que les choses commencèrent à changer, et de nombreux mots devinrent catégorisés comme familiers, voire vulgaires.

500 ans plus tard, de nombreux chercheurs ont démontré que ces mots familiers avaient plusieurs avantages, comme de nous rendre plus persuasifs grâce à une meilleure confiance en soi, ainsi que d’être bénéfiques à un bon travail d'équipe. L’utilisation d’un langage vivant et figuré suscite davantage d’émotions, provoquant alors le cerveau et rendant l’information plus mémorable.

Comment ces signaux sont-ils reçus par notre cerveau dans un contexte de consommation ? Très simplement : « J’ai besoin de ce produit ».

Il n’est donc pas surprenant que les auteurs aient décidé d’exploiter ce pouvoir des mots influant sur la prise de décision. En 2016, Steven Pressfield explique dans son livre « Nobody Wants to Read Your Sht » (se traduisant par “Personne ne veut lire votre mrde’’ en français), qu'il est important d'avoir un concept qui attire les lecteurs et les garde engagés. Et donc, pourquoi ne pas ajouter un peu de provocation qui transformerait un titre neutre en quelque chose de vraiment mémorable.

Utiliser un titre familier pour votre nouveau livre n'est donc pas forcément mal vu, même s’il faut tout de même prendre en compte le potentiel fossé générationnel entre votre audience désirée et votre audience réelle. En effet, les chercheurs ont démontré que les lecteurs plus âgés étaient moins enclins à acheter des livres aux titres grossiers; c'est donc une stratégie à adopter principalement pour les trentenaires et les jeunes lecteurs.

Les auteurs peuvent également rencontrer des problèmes avec les services marketing d’éditeurs qui n'acceptent pas les jurons dans un titre, ou pourront sinon ajouter une balise « explicite » qui rendra votre titre invisible pour une partie de votre public. Cela peut également poser problème lors de la promotion du livre sur certaines grandes plateformes en ligne, comme par exemple Facebook, qui risque de ne pas vous laisser diffuser d'annonce payante en utilisant ces mots dans vos publicités.

En résumé, il peut être stratégique d’utiliser des titres en utilisant des mots familiers, mais attention à toujours bien prendre en compte votre audience et les potentielles restrictions de diffusion de certains éditeurs ou plateformes en ligne.

Qui décide du titre d’un livre ?

Pour certains auteurs, le titre d'un livre est décidé bien avant qu'ils ne commencent à écrire la première ligne. Dans un cas comme celui-là, l’auteur(e) peut se retrouver forcé dans des déboires littéraires pour faire en sorte que son livre final corresponde bien au titre décidé en amont.

Au même titre que les journalistes des grands journaux quotidiens où les gros titres peuvent changer jusqu’à la dernière seconde avant impression, un auteur ne devrait pas avoir peur d’imaginer lors de sa parution un titre différent que celui qu’il avait envisagé.

Finalement, la conception d’un titre relève d’une compétence bien différente de celle d’écrire un livre, et bien que vous puissiez être l’auteur de 100 000 mots magnifiquement construits pour votre premier roman, vous ne serez peut-être pas la personne la plus apte à choisir les quatre mots qui l'aideront à être commercialisé auprès de millions de personnes. Il faut parfois savoir faire la part des choses et laisser les personnes les plus compétentes en la matière s’attaquer à cette tâche. C’est d’ailleurs pour cela que l’éditeur existe, fort de nombreuses années d’expérience dans la détection et la commercialisation de livres à grande échelle.

Mais attention, cela doit bien être une décision mutuelle. L'éditeur peut refuser de publier le livre si l'auteur n'est pas flexible, mais l'auteur peut tout aussi bien emmener son livre chez un autre éditeur s'il n'aime pas la façon dont son travail est traité et considéré.

Rassurez-vous, dans la vraie vie, la plupart de ces impasses sont surmontées et, comme toute bonne relation, un échange ouvert et constructif aide souvent à résoudre les petis différends.

Ces titres auxquels nous avons échappés

Avez-vous déjà ressenti ce sentiment étrange lorsque vous pensiez savoir quelque chose, mais en réalité que la vérité était tout autre ? Il s’avère qu’il en est de même pour les livres : nombreux sont ceux ayant changé de titres à plusieurs reprises avant enfin de voir le jour sous le nom que l’on connaît aujourd’hui. Auraient-ils rencontré le même succès avec leur titre d’origine ?

Prenez par exemple « Great Gatsby », ou « Gatsby le Magnifique » en français. Le pauvre F. Scott Fitzgerald a proposé sept titres différents, dont Trimalchio (Trimalcion), Ash-Heaps (Tas de cendres), Millionnaires ou encore The High Bouncing Love (L’Amour qui bat), avant d’accepter à contrecœur celui que l’on connaît aujourd’hui.

Idem avec Bram Stoker, auteur de Dracula, qui avait appelé initialement son livre « The Dead Un-Dead » (Le mort ressuscité), qui est sans doute un titre bien plus parlant et percutant, mais qui sait si son œuvre aurait eu autant de succès ?

D’autres exemples plus notoires et fréquents arrivent très souvent avec les livres adaptés en séries TV.

Vous avez très sûrement entendu parler de la série “Le trône de fer”, plus connue sous son nom original de “Game of Thrones”. Alors que le livre et la série TV portent le même nom en français, la saga littéraire porte le nom de “A Song of Ice and Fire” (“une chanson de glace et de feu” en français) en anglais, jugé comme moins accrocheur pour l’adaptation télévisuelle.)

Les livres peuvent également avoir des titres différents lorsqu'ils traversent les frontières. Certains sont traduits littéralement, d’autres adaptés ou d’autres encore simplement mal traduits.
La barrière de la langue étant ce qu’elle est, il est souvent nécessaire d’adapter les titres en français pour que le sens reste intact tout en gardant un titre suffisamment commercial pour le pays en question. “Harry Potter and the Philosopher’s stone” ( se traduisant par “Harry Potter et la pierre philosophale”) devient par exemple “Harry Potter à l’école des sorciers” en France.

Parfois même dans la même langue mais d’un pays à l’autre les titres peuvent changer. En effet, entre l’Angleterre et les États-Unis, par exemple, il se peut que les titres soient modifiés en raison de droits commerciaux, pour éviter les titres déjà existants ou pour raison commerciale. En reprenant l’exemple du dessus, “Harry Potter and the Philosopher’s stone”, roman Britannique, devient “Harry Potter and the Sorcerer’s stone”(se traduisant par “Harry Potter et la pierre du sorcier”) aux États-Unis, jugé comme un titre plus simple pour l’audience américaine.

Quelle est la taille idéale d’un titre ?

Une autre de ces questions sans réponse ! Qui pourrait affirmer que le titre « Twilight » est meilleur que “ À la recherche du temps perdu » ?

Peut-être est-ce en raison de l’augmentation croissante des livres parus chaque année ou la tendance à voir apparaître de plus en plus de suites, mais force est de constater que les titres de livres sont de plus en plus longs. Une recherche américaine montre que les livres publiés depuis 2011 comportent environ 14 lettres pour environ 3 mots, alors que la moyenne était jusqu’alors de 12 lettres réparties en 2,5 mots.

Évidemment, ce n'est en aucun cas un but, ni même un guide dont vous devez vous inspirer, mais simplement une information à garder en tête si vous cherchez à vous décider entre plusieurs titres pour votre prochain livre.

Dernier point, et non des moindres, pensez que vous devrez potentiellement prononcer votre intitulé de livre de très nombreuses fois, à votre entourage ou lors d’éventuelles interviews ou d’apparitions dans les médias.
Le meilleur titre est celui qui sera également facilement mémorable pour votre public, qui sera lui-même en mesure d’en faire sa promotion une fois terminé. Alors rappelez-vous, le titre de votre livre n’est pas la cerise sur le gâteau lors du dessert, mais bien le nom affiché du restaurant sur la devanture.